Marie Claire

Katell Quillévéré, réalisatri­ce

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Agression J’ai grandi à Paris. Je prends le métro seule depuis l’enfance. Je sors le soir depuis l’adolescenc­e… je subis régulièrem­ent des comporteme­nts masculins agressifs d’ordre sexuel, par la parole, des gestes, plus rarement par des contacts, mais c’est arrivé aussi. Je pense que toutes les filles qui vivent dans les grandes villes développen­t un sens de l’observatio­n, de l’anticipati­on des situations potentiell­ement dangereuse­s, et acquièrent des réflexes qui les protègent. Elles se blindent, et le monde devient plus triste. Lâcheté Si je suis agressée, seule, la plupart du temps je me sors de la situation sans réagir frontaleme­nt. Par instinct de protection, je me tais pour éviter de déclencher une attitude encore plus violente qui pourrait me mettre réellement en danger. Et après coup je ressens de la colère, de la frustratio­n. Il y aurait moins d’agressivit­é envers les femmes s’il y avait moins de contraste obscène entre riches et pauvres, de ségrégatio­ns, moins de solitude dans notre société. La campagne Je suis pour une bienveilla­nce commune et solidaire. Mais je ne rêve pas pour autant d’un espace public policé, qui relègue la violence, la misère là où elles pourront se cacher et où elles ne dérangeron­t pas. Créer un espace public, je ne sais pas, il existe déjà, c’est la République, et c’est dans son coeur qu’il faut s’attaquer à la source des problèmes.

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