Dans le bureau de Sophie de Closets
La PDG des éditions Fayard nous parle de son quotidien au travail, entre convictions, vie privée, solitude et préceptes de management.
— Les principes de management auxquels vous croyez ?
Il ne faut jamais avoir peur du talent de ses collaborateurs. Mon fantasme, c’est le Real Madrid : être le sélectionneur qui choisit la meilleure équipe. Une de mes missions aussi est de créer un environnement bienveillant.
— Les qualités professionnelles que vous admirez le plus ? L’imagination, la constance et la loyauté.
— Prenez-vous un petit-déjeuner ?
Si j’ai faim, oui. Mais je fais en sorte que ce soit un vrai repas, avec mes deux fils et mon mari.
— Que faites-vous en arrivant au bureau ? Après avoir déposé mon fils, je me planque dans un café où je lis la presse, regarde mes e-mails, passe trois coups de fil. Un sas avant mon premier rendez-vous aux éditions.
— Où déjeunez-vous ?
J’ai un déjeuner professionnel tous les jours. C’est souvent le moment le plus important de la journée pour faire des affaires. J’aime aller chez Judy (Paris 6e) ou à La Cette (14e).
— Votre tenue de combat professionnel ? Plutôt une peinture de guerre : un rouge à lèvres superrouge. Et des lentilles, pour ne pas porter mes lunettes.
— Quelle est la place de votre vie privée ? Dans l’édition, il n’y a pas d’étanchéité entre vie privée et vie professionnelle. Quand je lis le journal, vois un film ou une série, écoute les conversations dans le métro, je capte l’air du temps. N’importe qui est un lecteur ou un livre potentiel.
— Pensez-vous que, pour faire carrière, il faut choisir le bon partenaire de vie ? Oui. Mon mari est exceptionnel. J’ai été nommée à ce poste trois semaines après avoir accouché de mon deuxième fils. S’il avait eu une vision du couple datant des années 50, cela n’aurait pas été possible.
— En quoi êtes-vous la plus douée ?
On m’a dit un jour qu’un patron devait savoir faire trois choses : décider, animer et négocier. Décider et animer, j’adore ça. Pour négocier, je délègue.
— Connaissez-vous le sentiment de solitude au travail ?
Oui. C’est consubstantiel à une fonction de direction. Il faut assumer d’être seule et éviter que cela ne vous pèse. Et à la fin des fins, vous êtes responsable.
Si vous échouez collectivement, c’est vous qui dégagez.
— Professionnellement, qu’est-ce que vous ne supportez pas que l’on dise de vous ? Très peu de choses méritent de vous atteindre. L’indifférence est une qualité trop sous-estimée.
— Le meilleur conseil professionnel que l’on vous ait donné ?
Vas-y !
— Souffrez-vous du syndrome de l’imposteur ? Ah non, c’est un truc que je ne comprends pas.
Il faut lutter contre, car c’est un plafond de verre mental qui entrave les femmes.