L’Argentine au coeur
Dans les pas du Saint Laurent des années 70, les créatrices Sofia Achaval et Lucila Sperber, Argentines formées à Paris, revisitent l’esprit gaucho avec leur marque Acheval Pampa, entre authenticité et fantasme assumé.
—Vous réinterprétez un vestiaire masculin du monde rural sud-américain pour les citadines. D’où vient l’idée ?
Sofia : En Argentine, j’ai grandi à la campagne. A 5 ans, je montais à cheval avec les gauchos, ces gardiens de troupeaux de la pampa, très élégants. A 20 ans, quand je suis arrivée à Paris pour étudier le stylisme au Studio Berçot, je portais des pantalons et des bottes de gaucho. On me demandait sans cesse où acheter ces vêtements. Pendant quatre ans, j’ai travaillé avec Vanessa Seward chez Azzaro. Puis je suis devenue rédactrice mode at large pour V Magazine. Mais j’ai toujours voulu créer ma marque. Il y a cinq ans, quand j’ai rencontré Lucila alors que nous tra- vaillions sur une campagne publicitaire pour Rochas, nous avons eu envie de créer un label pour transposer ce look dans un style plus parisien et luxueux. D’où le velours et les sequins. Dans les années 70 déjà, Yves Saint Laurent s’est inspiré des gauchos. Un mix entre sa vision fantasmée et l’authenticité fonde le style Acheval Pampa.
—Acheval Pampa évoque les longues balades à cheval, au milieu des grands espaces…
Sofia : Au début, nous ne savions pas comment l’appeler. Mon patronyme, Achaval, est typiquement argentin, mais en France beaucoup de gens disent « Acheval ». Mon mari, le journaliste et écrivain Thibault de Montaigu, nous a suggéré en plaisantant de l’appeler ainsi. Ça avait du sens, le label s’inspire d’un univers équestre.
Lucila : Et la pampa, qui s’étend du Brésil à l’Argentine en passant par l’Uruguay, est le lieu de travail des gauchos.
—Comment retranscrire l’Argentine ?
Sofia et Lucila : Nos bijoux, réalisés en collaboration avec la sculptrice Luna Paiva, s’inspirent du ciel pampéen. Le so- leil, la lune, les étoiles y sont très visibles. En boucles de ceinture ou brodé, le soleil fait aussi référence au drapeau argentin. Les vêtements sont fabriqués par des artisans en Uruguay, la maroquinerie est fabriquée par des selliers en Argentine.