Laurence Rossignol

Sénatrice (PS) de l’Oise, ancienne ministre des Familles, de l’Enfance et des Droits des femmes

« Alors que j’avais des responsabilités à la tête du Parti socialiste, l’un des chefs du PS (il n’est plus de ce monde) ne m’adressait la parole que pour me complimenter sur mes tenues et mes boucles d’oreilles. Jusqu’au jour où je les ai posées sur son bureau et je lui ai dit : “Ce soir, tu as une émission de télé, je te les prête.” Depuis trente ans, j’observe que les élus hommes sont les premiers à demander la parole, même quand ils ne savent pas ce qu’ils vont dire, parce que la parole c’est le pouvoir de conviction. Alors que les femmes ne s’inscrivent que si c’est utile et n’a pas déjà été traité. Quand leur tour arrive, on leur dit : “Il faut faire vite.”

Alors que le temps de parole des hommes est élastique. Je leur conseille toujours de faire comme eux : s’inscrire systématiquement, même si elles ne savent pas ce qu’elles vont dire. Le sexisme rencontré dans ma vie publique vient du monde politique, pas des citoyens. Il se manifeste par l’invisibilité des femmes : vous avez l’impression d’être un fantôme, parce que les autres ne vous voient pas alors que vous êtes là. On ignore votre présence. Y compris dans mon parti. Et le “nouveau monde”, pour ce que j’en vois, ressemble absolument à l’ancien. »

« Depuis trente ans, j’observe que les élus hommes sont les premiers à demander la parole »