Marie Claire

12 questions d’après minuit

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—Vous dormez bien la nuit ?

Pas toujours. En général, j’aime mieux rêver que dormir. Je passe de l’autre côté.

Je me souviens bien de mes rêves. Je voyage. Ce sont mes meilleurs voyages, d’ailleurs.

—Votre boisson et nourriture nocturnes ?

De l’eau chaude. Ça vous lave tout à l’intérieur.

—Vivez-vous sous une bonne étoile ?

Oui, bien sûr, puisque j’ai atteint la cinquantai­ne sans y passer. J’ai échappé à toutes sortes d’accidents, comme beaucoup de gens. Dans la rue, le nombre de fois où j’ai failli me faire écraser…

—La nuit efface-t-elle le jour et les soucis ?

Non, ce sont juste les soucis qui sont happés de l’autre côté du miroir. Ils sont réinvestis et c’est très bien comme ça.

—Sur votre table de nuit ?

Des magazines, des chaussette­s sales.

Pas grand-chose. Ça fait trois mois que j’ai pas ouvert un livre, c’est horrible. J’ai du mal à finir les livres, je préfère les finir par moi-même en imaginant la fin.

—La dernière fois que vous vous êtes couché tôt ?

La semaine dernière. À 11 heures, j’étais épuisé.

—Quels carburants après minuit : alcool, drogue, sexe, sucre, Xanax ?

Rien d’obligatoir­e dans tout ça. Chez moi, c’est plutôt l’imaginaire. Il me permet de m’enfuir, la vie devient autre. On sait pas où ça mène, la nuit. C’est une ouverture vers l’infini. J’aime me promener tout seul. Je suis un grand marcheur de la nuit. J’aime bien m’y perdre.

—La nuit la plus dingue ?

En Suède, dans un studio d’enregistre­ment quand j’ai appris la naissance de mon fils Alfred, deux mois avant terme. Je ne pouvais rien faire d’autre que taper contre les murs de bonheur et de rage de ne pas être présent.

—Boule à facettes ?

J’ai adoré la musique très forte. Pour danser, il n’y a rien de mieux. J’ai beaucoup dansé en boîte. Quand j’étais petit, je sentais mon pantalon bouger près des enceintes et depuis, ça ne m’a jamais quitté.

—Le plus trash la nuit ?

Avec un copain, dans un bar. Je ne pensais pas pouvoir lever le coude aussi haut. On était en tournée, on n’a pas pu retrouver les clés de nos chambres vu qu’on était dans un autre espace-temps. On a dormi sur la moquette du couloir, avec des rêves pleins d’acariens. On a été réveillé par le bruit des aspirateur­s.

—Le parfum de la nuit ?

Celui de l’absence d’une présence.

—Les mots de la nuit ?

Ceux des inconnus qui confiaient leurs peines de coeur à Macha Béranger, sur France Inter. J’adorais ça.

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« J’ai beaucoup dansé en boîte. Quand j’étais petit, je sentais mon pantalon bouger près des enceintes et depuis, ça ne m’a jamais quitté. »

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