Marie Claire

La fraîcheur solaire de Girl Ray

Les trois jeunes Londonienn­es publient un deuxième album* de pop aux grooves irrésistib­les, mis en sons par un producteur de Metronomy.

- Par Charline Lecarpenti­er

Elles ont en commun ce soupçon d’ironie propre à leur génération. Avec leur groupe, les trois filles de Girl Ray rendent hommage au surréalist­e Man Ray et à son concept de surexposit­ion, usant de la pop pour révéler leurs appréhensi­ons sur l’amour ou la sororité. « Dans ma vie, j’ai eu de nombreux petits amis qui ont réduit mon estime de moi en miettes », livre la bassiste Sophie Moss. Les pop songs du deuxième album de Girl Ray ont cette même franchise, transpercé­s par l’accent « middle class » de Poppy Hankin, qui résonne dans notre téléphone pour répondre à nos questions depuis Amalfi, où elle s’offre des vacances avant d’assurer les premières parties de Metronomy en Angleterre. « L’humour est aussi très présent dans nos textes, c’est important car nous rions tout le temps. Un groupe trop sérieux, c’est lassant », explique-t- elle. Poppy Hankin a grandi dans le nord de Londres, dans une grande famille recomposée qui lui a donné sept frères. Elle se souvient fièrement avoir été un véritable garçon manqué adulant Britney Spears, griffonnan­t des chansons dans son lit devant des comédies romantique­s. Le succès de l’un de ses frères dans un groupe de rock éphémère l’encourage à tenter ellemême sa chance à 16 ans avec ses amies d’école Iris McConnell et Sophie Moss. La première était alors une mordue de course à pied et de sculpture, et passait ses étés à dessiner sur le sable des plages du sud de la France. Sophie Moss, elle, est tout aussi sportive, obsédée par J.R. Tolkien, et occupe ses week- ends à tourner de faux spots publicitai­res. Les trois copines se fédèrent autour de leur passion pour la musique. Là où leur premier album, Earl Grey, s’inscrivait dans la veine indie rock et laissait la voix de Poppy infuser dans une eau trouble plus punk, le nouveau Girl tasse leurs influences pop, de Rosalia à Ariana Grande, avec un son plus net et des morceaux plus solides. Poppy est désormais en couple avec sa petite amie Joanie et laisse entrer considérab­lement la lumière sur ce disque, enregistré avec le producteur Ash Workman, collaborat­eur régulier de Metronomy et de Christine and the Queens. « Il est doué pour donner du vernis au son. Notre premier album était très indie, mais il se passe tellement de choses dans le monde de la pop que nous voulions y prendre part, faire danser les gens et faire de la pop intelligem­ment. » Le trait est ainsi tiré sur la pop indé à guitares des débuts. Mais pas sur l’indépendan­ce : « Auparavant, on considérai­t que la musique indie était un milieu d’hommes habillés tous pareils et jouant la même chose, mais avec nous, les choses vont changer. »

(*) Girl de Girl Ray (Moshi Moshi Records).

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Ci-dessous, de g. à d. : Sophie Moss, Poppy Hankin et Iris McConnell.

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