Marie Claire

La photo d’enfance Thomas Dutronc

Le musicien se souvient des étés heureux passés dans un château en ruines acquis par son père. De la vieille Jeep, des araignées et des balades avec son pépé, qui lui apprenait à “faire des creux” dans la terre.

- Par Marina Rozenman Dernier album paru : Frenchy (Decca Records France/Universal).

« J’ai 4 ans. Et je suis avec pépé. Lequel des deux ? Dutronc ! Je n’ai pas du tout connu le pépé Hardy. Mon père avait acheté une espèce de propriété bizarroïde dans un endroit qui s’appelait La Chapelle- Saint-André. À côté de Clamecy. Dans la Nièvre. Un château complèteme­nt en ruines. Dangereux. Le toit, le plancher : tout était défoncé. Il n’avait pas payé ça cher. Il aurait pu y faire des travaux, mais il ne les a jamais faits. Donc les quelques années où j’y suis allé, nous vivions dans la maison du gardien – mes parents n’étaient pas là ; j’allais seul à la campagne avec mes grands-parents – et pour un gosse, c’était génial. Il y avait une vieille Jeep, dans un coin, qui ne marchait plus. Je m’amusais à faire “tut-tut !” sur les boutons. Et c’est curieux mais en fait, c’est là que j’ai mes souvenirs les plus anciens… Ma grandmère qui – vlan ! – avait écrasé une énorme araignée – vraiment, un monstre – avec une pantoufle, c’est elle qui a dû prendre cette photo, pour une fois, sans couper les têtes ! Guy Lux, à la télé, avec les Jeux sans frontières. Les pochettes-surprises, à l’épicerie. Et les majorettes. Ça paraît surréalist­e, mais je me rappelle – j’en suis sûr ! – avoir vu des majorettes dans les rues du village. Et puis les balades. Avec mon grand-père. Il avait un vieux bâton, et paf ! paf ! Il cognait les orties. Et on faisait tout le temps pipi. Dans la terre. On disait “faire des creux”. “Faut que j’aille faire un creux !” (Il rit.) Mes deux grands-mères ont beaucoup compté, mais mon grand-père est celui avec qui je jouais, enfant. Il était drôle, cultivé, élégant. Il avait une mémoire incroyable. Et il était très pudique, pas du tout tactile. On ne se faisait pas du tout de câlins. Mais il était né en 1908… une autre génération. Et il avait été élevé un peu à la dure. Par des tantes religieuse­s. Après la mort de sa femme, j’y ai mis un point d’honneur : je ne l’ai jamais laissé tomber. Il est parti, j’avais 30 ans. »

“J’ai 4 ans. Et je suis avec pépé. (…) C’est avec lui que je jouais, enfant. Il était drôle, cultivé, élégant. Il avait une mémoire incroyable. Et il était très pudique. (…) Il était né en 1908… une autre génération.”

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Thomas Dutronc et son grand-père paternel, dans la Nièvre, en 1977.

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