Portrait Lison Daniel
Sur Instagram, les savoureux personnages de son compte @les.caracteres nous ont aidé•es à garder le sourire pendant le confinement. Mais l’auteure et actrice déploie aussi ses talents loin des réseaux sociaux.
Fard 1
Fille d’une kinésiologue et d’un architecte, elle grandit à Marseille. À 6 ans, le père de son amie Emma, qui dirige le théâtre La Criée, la convie à une répétition du Malade imaginaire. « Je me souviens des décors colorés, presque criards, qui contrastaient avec les costumes en noir et blanc… » Lorsque le comédien Dominique Pinon lui fait visiter les coulisses et qu’une maquilleuse lui met un peu de fard aux joues, elle a la révélation : elle sera actrice.
Ernest 2
À chaque fois qu’il pleut et que cela annule le week-end dans les calanques, Lison passe son temps à lire. « Ma mère disait qu’elle avait du mal à suivre le rythme pour acheter des bouquins… » À 8 ans, elle est fascinée par l’histoire de l’orphelin Ernest dans Lettres d’amour de 0 à 10 de Susie Morgenstern. « Quand je l’ai rencontrée au Salon du livre, elle m’est apparue comme une rock star. C’est comme si mon livre avait été dédicacé par Mick Jagger ! »
Gluten 3
Arrivée à 18 ans à Paris pour étudier le théâtre, elle travaille comme serveuse pour la traiteuse vegan Angèle FerreuxMaeght lors de défilés ou d’évènements de marques de luxe. « Je croisais un nombre incalculable de nanas allergiques au lactose qui me demandaient : “C’est sans gluten ? Mais ça fait grossir ? Est- ce que ça a été cuit à moins de 42 °C ?” J’étais en boulimie d’observation de ces milieux ultra-privilégiés. C’était très divertissant. »
Fontainebleau 4
Après deux ans de conservatoire d’arrondissement, une année au Cours Florent et un an au Studio d’Asnières qui la laisseront sur sa faim, elle s’inscrit à The Fontainebleau school of acting, dont les professeur·es délivrent une formation en anglais. « J’ai été scotchée par le niveau d’exigence que je n’avais pas trouvé dans l’enseignement français un peu poussiéreux à mon goût. Tous les matins, on faisait du yoga, on allait courir dans la forêt… Il y avait un vrai travail sur le corps et on avait le droit de se tromper sans être ridiculisé·e par les profs. »
Accent 5
Anglais, espagnol et russe au lycée, cours du soir d’italien, perfectionnement sur l’application Babbel… elle a un goût prononcé pour les langues. « J’ai un bon accent, alors je peux faire croire l’espace d’un temps que je suis du pays en question. Après je cale en vocabulaire et en grammaire… » Rien ne lui fait plus plaisir que lorsqu’un traiteur italien la prend pour une Italienne. « J’adorerais jouer la comédie dans une autre langue ! »
Cagole 6
Après avoir raté à un cheveu Sciences po, le Conservatoire national d’art dramatique et La Fémis, elle pastiche des personnages (la cagole, l’aspirante actrice, des coachs) en utilisant des filtres sur son compte Instagram @les.caracteres. « Si j’avais eu La Fémis, j’aurais été une technicienne du scénario, on serait venu me chercher pour ce que j’avais appris à faire, alors qu’aujourd’hui on vient me chercher pour ce que je suis grâce à mes caractères. »
Pitch 7
Depuis un an, grâce à « ce C.V. interactif », elle rencontre des producteurs et pitche des idées de scénario. Elle écrit une série sur les cours de théâtre français « où les professeur·es peuvent balancer des trucs affreux à leurs élèves » et participe à l’écriture de la série de la « queen du genre » Fanny Herrero ( Dix pour cent) sur le stand-up pour Netflix. « Je suis encore junior, je vais beaucoup apprendre ! »