Marie Claire

Notes de voyage

À l’ère du tout naturel, la parfumerie ose maintenir des molécules artificiel­les évocatrice­s d’évasion. Parmi les dernières fragrances, découvrez celle qui accompagne­ra vos échappées.

- Par Nolwenn du Laz

Les molécules, si précieuses à la création olfactive, peuvent aussi inquiéter dans notre quête du toujours plus clean. Mise au point par Quentin Bisch, parfumeur chez Givaudan.

En quoi les molécules de synthèse sont utiles en parfumerie ?

Les plus belles créations parfumées sont souvent le fruit d’un savant mélange de naturel et de synthèse : la texture et la profondeur d’une huile essentiell­e que l’on mêle à un ingrédient synthétiqu­e pour sa couleur, sa ténacité ou un soupçon de gourmandis­e. C’est cette coexistenc­e habile qui libère la créativité du parfumeur. Je reste aussi ébloui par un absolu d’osmanthus à la senteur abricot- cuir que par la Sylkolide, un musc de synthèse lumineux breveté par Givaudan. Des chefs-d’oeuvre sont nés grâce à la synthèse, comme le N° 5 de Chanel aux aldéhydes un peu métallique­s, Shalimar de Guerlain et son overdose d’éthylvanil­line, Kenzo pour Homme, tissé de Calone comme un air iodé et de salicylate­s qui sentent la crème solaire, ou Angel de Mugler, qui a sucré son patchouli d’éthyl-maltol aux accents gourmands de praline.

Doit-on les craindre ?

Absolument pas ! Dans l’inconscien­t collectif, le naturel est par essence positif : pur, idéal, bon pour soi, issu de la nature… À l’inverse, le synthétiqu­e aurait une connotatio­n négative : la chimie, les laboratoir­es, la transforma­tion… En réalité, la majorité des molécules de synthèse ne sont qu’une « copie » des mêmes molécules trouvées dans la nature. Quant à la législatio­n, elle concerne autant les synthétiqu­es que les naturels. Tous les ingrédient­s utilisés en parfumerie sont soumis à une batterie de tests toxicologi­ques avant d’être autorisés et l’exigence réglementa­ire est plus drastique sur les synthétiqu­es que sur les naturels. Puis tout est une question de dosage afin de respecter les normes.

Que sont-elles réellement ?

On en distingue différents types. Celles que l’on puise dans la nature pour les isoler et les synthétise­r en laboratoir­e, comme le citronello­l présent dans l’huile essentiell­e de rose et utilisé pour sa fraîcheur aux accents d’eau de rose et de litchi, ou l’hédione issue du jasmin, qui confère un souffle fluide et évanescent à la plupart des compositio­ns contempora­ines. Puis il y a celles créées pour remplacer celles qui n’existent plus, l’Ambrofix – avec son odeur caractéris­tique d’ambre gris – se substitue à l’ingrédient d’origine animale produit par la baleine, longtemps chassée pour ses concrétion­s. Enfin, celles qui n’existent pas dans la nature et que l’on imagine totalement : à l’exemple du Petalia, issu de la recherche Givaudan, à la note de pivoine fraîche unique.

Quelles sont celles qui font le plus voyager ?

La Calone avec sa note iodée et les salicylate­s avec leurs facettes crèmes solaires évoquent la plage. L’éthyl-maltol, entre caramel et praline, et la vanilline peuvent remémorer les virées en fête foraine ou les goûters de vacances. L’Hexénol, qui embaume l’herbe fraîchemen­t coupée, vous emmène à la campagne. L’Evernyl, entre écorce et mousse chauffées au soleil, vous accompagne dans les sous-bois. Le Mahonial, dans son souffle pétalé, vous transporte au coeur d’un champ de fleurs colorées.

La synthèse permettrai­t-elle de préserver la planète ?

Le naturel peut être aussi l’objet de questions environnem­entales. Prenons la vanille, et imaginons l’impact sur l’écologie si nous n’utilisions que ses gousses pour le goût ou l’odeur. C’est l’alternativ­e artificiel­le qu’est la vanilline, molécule de synthèse créée au XIXe siècle, qui nous permet de jouir de cette facette délicieuse si souvent utilisée. Qu’il s’agisse des naturels ou des synthétiqu­es, notre priorité est de les produire de manière écorespons­able. L’Ambrofix de Givaudan est obtenu par biotechnol­ogie, 100 % renouvelab­le, issu d’une canne à sucre durable, dont la production consomme cent fois moins en surface agricole ; rappelons que pour obtenir seulement 1 kg d’huile essentiell­e de rose il faut récolter quatre tonnes de fleurs… Nous devons sortir de cette vision binaire et simpliste, « les bons naturels contre les méchants synthétiqu­es ». Et continuer à créer des parfums enchanteur­s toujours plus responsabl­es, dans le respect des hommes et des cultures.

CÔTÉ CAMPAGNE

Une roseraie à Grasse

1. Cette fragrance est comme un plongon au coeur d’une sublime rosa damascena, fraîchemen­t cueillie et éclairée des accords souriants de mandarine, de bergamote et de muscs blancs.

Miss Dior Rose N’Roses de Dior, 82,50 € les 50 ml.

2. Autre brassée de roses dans cette interpréta­tion plus fraîche et pétalée, illuminée par un soupçon de litchi, puis adoucie par un nuage soyeux de muscs. L’Eau À la Rose de Maison Francis Kurkdjian, 150 € les 70 ml.

3. La rosée du matin Dans cette expression soyeuse à eur de peau, un accord rosée de rose associé à la poire est enrobé de muscs amandés et vanillés et de cashmeran boisé et ambré.

Flowerbomb Dew de Viktor & Rolf, 89 € les 50 ml.

4. Une maison de famille Une fragrance vive, comme si l’on avait piqué une orange de giro e et de muscade. Même si son départ est un peu médicinal, elle se révèle singulière, élégante et confortabl­e.

Des clous pour une pelure Les Eaux de Politesse de Serge Lutens, 120 € les 100 ml.

5. Une orangeraie dans le Sud Vous êtes près de Séville. Dans cette eau fraîche comme une Cologne, l’orange sanguine, la menthe fraîche et la bergamote fusante sont réchauffée­s par les bois et la fève tonka.

Orange Soleia Aqua Allegoria de Guerlain, 80 € les 75 ml.

6. Un goûter sur l’herbe La signature si gourmande de Nina – autour de la pomme d’amour, du cèdre et des muscs blancs – est revisitée sur un tempo plus frais grâce

la poire, au citron et la eur d’oranger.

Nina Rose de Nina Ricci, 76 € les 50 ml.

7. Une sieste sous un amandier Dans cette interpréta­tion fantasmée de l’amandier, le cèdre de Virginie, si chaleureux, est nimbé d’un délicieux accord poudré et amandé, ainsi que de muscs vanillés.

Bois d’Amande Collection Extraordin­aire de Van Cleef & Arpels, 145 € les 75 ml.

8. Une promenade dans un jardin sauvage Avec cette eau de parfum, c’est comme si on sautait la barrière pour s’aventurer dans un champ à l’abandon, où la nature a repris ses droits. On frotte des feuilles entre ses doigts pour en révéler les senteurs naturellem­ent chics et indomptabl­es, mêlées à celle de la terre.

Stem de (Malin + Goetz), 85 € les 50 ml.

9. La forêt à l’aube Ce parfum de peau rayonnant est caressé d’eau de rose, de camomille bleue, de eur d’oranger et d’héliotrope poudré, puis enveloppé d’un halo de bois crémeux, de vanille, de ciste ladanum et de muscs blancs. Aussi radieux qu’une échappée, à la fraîche, sous les arbres.

Chêne Blanc de La Chênaie, 49 € les 50 ml.

CÔTÉ PLAGE

Des douceurs sous le parasol

1. On s’amuse comme une adolescent­e de cet accord Coca-Cola régressif qui vient faire pétiller un coeur oriental vanille jasmin. Girls Can Be Crazy de Zadig & Voltaire, 74 € les 100 ml.

2. Autre gourmandis­e non dénuée de sex-appeal, le cultissime accord patchouli praline d’Angel est rafraîchi par un sorbet mangue, pamplemous­se et cassis.

Angel Eau Croisière Édition Limitée de Mugler, 64 € les 50 ml.

3. Les embruns de l’océan Ce parfum, vif comme un saut dans les vagues avec ses sensations aquatiques salées, énergisées par la poire et les agrumes, s’adoucit de notes orales fraîches – jasmin et muguet – sur fond de santal et de muscs.

Ocean di Gioia de Giorgio Armani, 74 € les 50 ml.

4. L’iode, le soleil et la crème solaire L’odeur d’un corps nu et bronzé, frissonnan­t sous le souvenir iodé du dernier plongeon, et caressé par les ef uves ensoleillé­s du jasmin, du magnolia et de la eur d’oranger. Une vraie carte postale !

Sur la Plage de Véronique Gabai, 290 € les 85 ml. 5. La Méditerran­ée vintage Hommage à la Riviera des années 20, cette eau de toilette orale et solaire s’emballe sur un néroli – eur d’oranger – galvanisé par les accents vifs et acidulés de l’orange de Sicile. Paris-Riviera Les Eaux de Chanel, 113 € les 125 ml.

La peau bronzée

6. Une vanille noire, interprété­e sur un registre ténébreux et ardent, embrasée par des notes cuirées, du tabac fumé et du café ! Enflammé La Collection Particuliè­re de Givenchy,

195 € les 100 ml.

7. Une autre vanille, fraîche, charnelle et ultra-addictive, subtilemen­t ensoleillé­e de jasmin et de tiaré, puis enrobée de muscs et délicateme­nt caramélisé­e.

Eau de Toilette Vanille de Fragonard, 29 € les 100 ml.

8. Le soleil couchant Le sillage peau dorée attise la convoitise… L’odeur des cyprès et celle, plus suave, de la eur d’oranger sont embrasées par un ambre sensuel, un santal crémeux, un cumin brûlant, une vanille moelleuse et un soupçon de tabac.

Sable d’Ambre de Gas Paris, 68 € les 50 ml.

9. Une danse gipsy Ce jus incendiair­e, mêlant jasmin sambac, tubéreuse et eur d’oranger, se révèle également savoureux et gourmand grâce à la framboise juteuse et à son accord lacté. So Scandal ! de Jean Paul Gaultier, 85 € les 50 ml.

10. Un cocktail à l’ombre L’expression d’un lys associé à la eur d’oranger miellée, l’ylang-ylang et la vanille. L’ensemble est transporté par une brise marine et fumé par l’essence de vétiver.

Capeline Collection Le Vestiaire des Parfums d’Yves Saint Laurent, 145 € les 75 ml.

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