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L’analyse de Charlotte Emlinger, économiste au Centre d’études prospectives et d’informations internationales (CEPII) et maître-assistante à l’université Virginia tech

« La prise de conscience de la dépendance vis-à-vis de l’étranger pour des essentiels comme les produits médicaux s’est répercutée sur les produits alimentaires. Mais serions-nous prêt·es à favoriser le made in France pour tout ? Acheter un lave-linge fabriqué en France, c’est une autre dépense que d’acheter des tomates en circuit court. Au CEPII, nous avions démontré que consommer uniquement français ferait perdre entre 100 et 300 € de pouvoir d’achat par mois à chaque ménage, à panier égal d’achats importés. Une perte qu’on ne peut balayer d’un revers de main lorsqu’on rêve de relocalisations. Les consommateurs·rices sont habitué·es à des prix bas. Par ailleurs, comment définit-on un produit français ? La France ne produisant pas de coton, les fils de coton de la marque Le Slip Français viennent d’Inde et des États-Unis. Et le·la consommateur·rice qui achète une voiture française ignore que des pièces sont fabriquées en Roumanie. Les actionnaires de Renault touchent les dividendes, mais ça ne fera pas travailler des ouvrier·ères français·es. À l’inverse, des Toyota Yaris – marque japonaise – sont fabriquées à Valenciennes. Enfin, on s’inquiète des importations chinoises mais les plus gros exportateurs vers la France sont des pays européens. »