Marie Claire

On frissonne avec Stephen King

Pour les 40 ans de « Shining », Canal+ Cinéma diffuse les films inspirés des romans du maître de l’horreur, fin observateu­r de la société américaine. Trois personnage­s clés de l’univers de l’auteur ont guidé notre sélection.

- Par Emily Barnett

À quoi ressemble l’Amérique de Stephen King ? s’interroge le documentai­re The King : l’Amérique de Stephen King que Canal+ Cinéma consacre à l’écrivain. Réponse : à un pays plein de cauchemars, de pulsions, d’angoisses mal gérées. L’auteur a cristallis­é dans ses livres une certaine idée du mal, nos frayeurs intimes autant que les névroses d’une société. « Avant, les romans d’horreur s’ancraient dans les Carpates ou dans le passé. Les romans de King se déroulent chez vous, dans votre ville, et mettent en scène des personnes que vous côtoyez », analyse le cinéaste Mick Garris, qui a adapté plusieurs oeuvres de celui que l’on surnomme « le géant du Maine ». Sous la plume de celui-ci, les êtres et les lieux familiers deviennent source d’angoisse. Petit rappel avec trois figures iconiques de son oeuvre.

Le clown diabolique de « Ça »

En 1986, King donnait vie à l’une des créatures les plus monstrueus­es de la pop culture : le clown sanguinair­e. De la lutte à mort entre ce pantin psychopath­e et une bande d’enfants, un premier téléfilm est né en 1990, traumatisa­nt une génération entière de préados. En 2017, rebelote, cette fois au cinéma : Ça offre une variation baroque des terreurs enfantines – et fait un carton au box-office mondial. La suite reprend les mêmes protagonis­tes vingt-sept ans plus tard : l’enfance a été remplacée par les regrets de la vie adulte, avec un casting cinq étoiles. Notre clown, lui, n’a pas pris une ride : ses facéties sont toujours aussi terrifiant­es.

Ça et d’Andy Muschietti (2017 et 2019), avec James McAvoy et Jessica Chastain.

Le bébé zombie de « Simetierre »

Simetierre, l’une des oeuvres les plus déchirante­s et nihilistes de Stephen King, porte sur le deuil impossible d’un enfant. Une brave famille s’installe à la campagne, lorsque son jeune fils est tué par un camion. Inconsolab­le, son père l’enterre dans un cimetière censé ressuscite­r les êtres, ou plutôt leurs doubles maléfiques. À travers l’inoubliabl­e figure d’un bébé zombie, King offre sa vision de la famille américaine, imparfaite et autodestru­ctrice. Dans le remake de 2019, aussi noir que la première version de 1990, c’est une petite fille qui sème la terreur, sous une pluie d’effets peut-être un peu trop appuyés. Aux fans d’en juger !

Simetierre de Mary Lambert (1990). Simetierre de Dennis Widmyer et Kevin Kölsch (2019), avec Denise Crosby.

L’enfant médium de « Shining »

À l’instar de nombreux enfants chez Stephen King, Danny est doté de pouvoirs surnaturel­s qui – comme pour Carrie, héroïne du premier roman de l’auteur en 1977 – sont autant un don qu’un handicap : impuissant, il assiste à la dégringola­de dans la folie de son père, en proie aux esprits de l’hôtel Overlook. Après l’adaptation culte de Kubrick, Doctor sleep, sa suite inspirée du roman publié par l’auteur en 2013 creuse aujourd’hui le sillon des démons personnels. Devenu adulte, Danny tente d’échapper à la malédictio­n paternelle : aux couloirs du mythique hôtel se substitue le dédale mental de plusieurs destins enchâssés, entre secte de vampires et jeunes médiums héroïques. Orchestrée par Mike Flanagan, à qui l’on doit l’excellente série The haunting of hill house, la modernisat­ion de thèmes chers à King à travers la culture du montage sériel et celle des super-héros livre un film à la densité intrigante.

Shining de Stanley Kubrick (1980), avec Jack Nicholson et Shelley Duvall. Doctor Sleep de Mike Flanagan (2019), avec Ewan McGregor et Rebecca Ferguson.

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 ??  ?? 1. Simetierre (2019).
2. Shining (1980).
3. Doctor sleep (2019).
4. Ça (2017). 3
1. Simetierre (2019). 2. Shining (1980). 3. Doctor sleep (2019). 4. Ça (2017). 3
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