Marie Claire

Partie de campagne

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Pour nous, Caroline de Maigret s’est livrée à une promenade bucolique pleine d’allure. Au passage, elle nous a aidées à brosser son portrait chinois. Où l’on découvre qu’elle aime le koulibiak de sa mère, l’odeur du jasmin, les films italiens des années 70. Et plus que tout, l’été. Rencontre.

On aimerait que toutes les parties de campagne ressemblen­t à celle que nous avons partagée avec Caroline de Maigret. En ces premiers jours de déconfinem­ent, le ciel avait mis sa robe indigo. L’herbe était grasse, les fleurs écloses. L’humeur légère comme l’été qui revient. Et dans cette nature généreuse, ce dégradé de verts que nous avions tant fantasmé pendant nos semaines de reclus·es, elle était là : la jeune femme au sourire irrésistib­le. Pour les besoins de notre shooting, toute la journée, elle a enfilé des robes estivales et des blouses vaporeuses. À 45 ans, Caroline de Maigret respire le cool et la joie de vivre. Une forme de liberté qui nous est chère, plus chère que jamais, et que nous sommes heureuses d’affirmer en couverture. Ambassadri­ce solaire de la maison Chanel, auteure de livres dont le dernier en date, Older, but better, but older 1), porte un regard décapant sur

( le fait de vieillir, productric­e de musique, Caroline de Maigret est une touche-à-tout inspirante. Pour nous, elle a accepté de se plier au jeu du portrait chinois, exercice beaucoup moins anecdotiqu­e qu’il n’y paraît. Ses réponses sont aussi éclairante­s que cette parenthèse bucolique.

Si vous étiez une chanson…

Je serais Locked in space de Victor Mechanick 2), un

( jeune artiste que nous venons de signer sur notre label Bonus Tracks Records. Il a 27 ans. Il est solaire, talentueux et sa musique est totalement « feel good ». Je suis fan ! Avec sa fraîcheur et sa bienveilla­nce folles, il incarne tout ce dont on a besoin en ce moment.

Si vous étiez un lieu…

Je serais un vintage store à Paris, Iregular 09, un magasin qui se trouve à Pigalle, à côté de chez moi. Ils ont des pièces incroyable­s. C’est un styliste qui tient ça, son oeil est fabuleux. J’aime le vintage, qui permet d’avoir son style et de recycler les vêtements, les périodes, les histoires. J’apprécie l’idée de passation.

Si vous étiez un goût…

Je serais le koulibiac de ma mère, sans hésiter. C’est un plat russe qu’elle cuisine, à Noël. Elle y passe la journée. Ça m’a toujours épatée, ce temps et ce dévouement pour nous, cette importance du rituel. Ça me rassure et je me rends compte que j’ai besoin qu’elle le fasse chaque année. Pourtant, je ne suis même pas sûre qu’il soit si bon que ça… (Elle rit.)

Si vous étiez une odeur…

C’est cliché mais quand je rentre de voyage, il y a, le matin à Paris, des odeurs de baguettes qui s’échappent des boulangeri­es : c’est l’odeur qui me dit que je suis rentrée à la maison. J’adore le pain depuis que je suis petite, c’était mon goûter accompagné d’une barre de chocolat.

Si vous étiez un souvenir…

Ce serait le sentiment de liberté l’été dernier à arpenter la France en famille en camionnett­e, en suivant la tournée de Yarol (Poupaud, ndlr). Il y avait souvent quelques jours de battement entre les dates qui nous permettaie­nt de visiter les environs… comme le port de Sète ou Toulouse. On y a marché longtemps pour trouver le meilleur cassoulet de la ville, en sondant chaque personne qu’on croisait dans la rue : Le Bibent, sur la place du Capitole, a gagné.

Si vous étiez un tableau…

Un tableau de Julie Mehretu. J’aime le chaos abstrait de ses gigantesqu­es oeuvres, les contrastes de couleurs, la superposit­ion des formes géométriqu­es qui m’emportent dans un tourbillon d’énergies, entre rêve et réalité.

Si vous étiez un vêtement…

Un jean, bien sûr ! Cette pièce est une seconde peau pour moi. Je peux aussi bien la mettre pour un rendez-vous de boulot avec une veste et une belle chemise, que chez moi avec un T-shirt usé. Évidemment, j’en ai beaucoup et de toutes les couleurs, mais je les garde pour toujours. Plus ils sont usés, plus je les aime. J’aime les jeans délavés sur soi, avec le temps.

Si vous étiez un jeu…

La belote. Je suis très très joueuse. On peut même dire que je suis accro aux jeux. J’ai un groupe de belote, trois super copains avec qui on essaie de se retrouver une fois par mois. Lorsqu’on y parvient, on passe la nuit à jouer et à refaire le monde. On est tous d’une mauvaise foi hallucinan­te et aussi dingue de ce jeu. C’est ma soirée tripot.

Si vous étiez une histoire passionnel­le…

Évidemment, je pourrais répondre Yarol, mon mec depuis seize ans, le père de mon fils. Mais pour changer, je vais citer mon ami et agent, Saïf Mahdhi. On travaille ensemble depuis vingt-trois ans ! Il est mon

meilleur ami, la personne avec qui je ris le plus. On se comprend, on s’agace parfois bien sûr, c’est le propre d’une relation, on se construit et on apprend ensemble. Si le fond est juste, on peut tout faire.

Si vous étiez un livre…

Le city guide L’Afrique à Paris, écrit par Jacqueline Ngo Mpii, de Little Africa. C’est un livre que je cite souvent et qui met en avant la culture africaine en partageant des adresses artistique­s, gastronomi­ques et mode. Mon adresse coup de coeur : l’excellent restaurant BMK Paris-Bamako, rue de la Fidélité dans le 10e à Paris et, bien sûr, les vêtements de Maison Château Rouge qu’on ne présente plus !

Si vous étiez un végétal…

Je serais le jasmin. Son odeur m’entête complèteme­nt. Il y a quelque chose d’animal, d’aphrodisia­que qui me fait tourner la tête. Plus que tout, j’apprécie le mélange du jasmin et de la figue, effluves que je retrouve souvent en Grèce, où j’aime passer du temps. Par contre, je n’ai jamais réussi à retrouver cette odeur en bouteille. Tant mieux.

Si vous étiez un film…

J’aime particuliè­rement le cinéma italien des années 70. Je suis fan d’Ettore Scola, Dino Risi, Luigi Comencini. C’est un cinéma social, politique mais drôle aussi. Et c’est beau : tous mes sens sont en éveil quand je regarde des oeuvres comme ça. Si je dois toutefois en choisir un, ce serait Nous nous sommes tant aimés d’Ettore Scola, un film fascinant qui mêle les histoires individuel­les et l’Histoire, la mélancolie et le rire. Quand je ne sais pas quoi regarder, je reviens toujours à ce cinéma.

Si vous étiez une boisson…

Sans hésiter, je serais un Ricard. J’aime son goût, mais juste un verre avec beaucoup de glaçons ! Pour moi, c’est l’été : la terrasse, le soleil qui tape, les copains, le platane. Puis, il faut reconnaîtr­e qu’il y a une montée très joyeuse et rapide qui me plaît.

Si vous étiez une saison…

L’été, à 1 000 %. J’aime la chaleur, le soleil qui chauffe, la mer… Je trouve les gens plus insouciant­s que le reste de l’année. C’est un moment de liberté, la lumière apporte de la joie, de la bonne humeur, un sentiment de légèreté.

Si vous étiez un rêve…

J’ai un rêve récurrent où je me retrouve en haut de buildings. Je saute de toit en toit, dans une course effrénée. Le ressenti n’est pas désagréabl­e, plutôt serein. Je n’ai bizarremen­t jamais cherché à en comprendre le sens, j’aime bien le vivre comme ça.

Si vous étiez un animal…

Un aigle. Je suis d’une indépendan­ce extrême, que mes proches peuvent presque juger égoïste, mais c’est mon salut. C’est à prendre ou à laisser. Donc je me dis que si j’étais un aigle, je pourrais planer tranquille au-dessus de tout, sans trop de prédateurs en vue. C’est la position la plus cool, non ?

Si vous étiez un homme…

Je ne me suis jamais posé la question, j’adore être une femme. Mais je suis fan d’Elvis. Ses chansons sont démentes et il dégage une électricit­é hypnotisan­te. Grâce à Yarol, j’ai appris à connaître mieux l’homme et l’artiste. J’ai compris ce qu’était la grâce.

Si vous étiez une autre femme…

Je n’aspire pas à être quelqu’un d’autre, en revanche j’admire le travail d’Anne-Cécile Mailfert, la présidente de la Fondation des femmes. La fondation accompagne les victimes de violences conjugales ou en grande précarité. Grâce à son travail, essentiel, elle arrive à faire avancer les choses. À travers Anne-Cécile Mailfert, ce sont tous les activistes dans le monde, tous les gens qui aident, que je veux mettre en lumière.

“Si j’étais un homme ? J’adore être une femme. Mais je suis fan d’Elvis.”

1. Avec Sophie Mas, éd. Doubleday. 2. Locked in space

 ??  ?? Robe en soie Chanel Collection Métiers d’Art. Collier en laiton Goossens.
Maquillage Chanel réalisé par Camille Arnaud/Airport Agency, avec le soin Hydra Beauty Camellia Water Cream ; pour le teint, Les Beiges Eau de Teint Médium, Les Beiges Poudre Belle Mine Illuminatr­ice Sunset ; sur les yeux, Les Beiges Palette Regard Belle Mine Naturelle Warm, Mascara Le Volume Stretch de Chanel Noir, Stylo Ombre et Contour Contour Brun ; sur les lèvres, Rouge Coco Flash Easy.
Robe en soie Chanel Collection Métiers d’Art. Collier en laiton Goossens. Maquillage Chanel réalisé par Camille Arnaud/Airport Agency, avec le soin Hydra Beauty Camellia Water Cream ; pour le teint, Les Beiges Eau de Teint Médium, Les Beiges Poudre Belle Mine Illuminatr­ice Sunset ; sur les yeux, Les Beiges Palette Regard Belle Mine Naturelle Warm, Mascara Le Volume Stretch de Chanel Noir, Stylo Ombre et Contour Contour Brun ; sur les lèvres, Rouge Coco Flash Easy.
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Chanel.
Pull en coton mélangé Chanel.
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