Marie Claire

Après minuit avec Isabelle Carré

- Par Fabrice Gaignault Photos Paloma Pineda APRÈS MINUIT AVEC

Vive et rieuse, la comédienne est aussi une hyperémoti­ve et une mauvaise nouvelle du monde peut la faire fondre en larmes. Une femme entière qui raconte des personnage­s en quête de lumière dans son deuxième roman, Du côté des Indiens. Rencontre.

Il est très exactement minuit lorsqu’elle surgit, précédée de sa voix claire et douce dans ce grand hôtel désert d’une rue déserte de la rive gauche parisienne. On imaginait voir arriver la comédienne de 49 ans, qui se définit comme gravement atteinte de nosophobie (la peur irrationne­lle des contacts humains par crainte d’attraper une maladie grave), emmurée dans une combinaiso­n scaphandre protecteur d’agents pathogènes de classe 4, mais non. Même pas de masque, juste un gel pour les mains que nous ne nous serrons pas, bien sûr. « Ma phobie des microbes n’a pas augmenté, ce sont les autres qui, depuis le Covid, se sont mis à mon niveau. Je me sens moins seule ! », dit-elle dans un grand éclat de rire qui signe aussi sa personnali­té lumineuse, entière, vive, que viennent parfois assombrir fugacement de grands nuages. Isabelle Carré est une veilleuse émerveillé­e et hyperémoti­ve qu’une mauvaise nouvelle du monde peut soudaineme­nt faire fondre en pleurs. On lui cite la phrase du grand écrivain Henri Calet : « Ne me secouez pas. Je suis plein de larmes. » Elle acquiesce à la beauté de la citation qu’elle connaît. Cette lectrice compulsive qui a vendu deux cent mille exemplaire­s des Rêveurs, son premier roman très autobiogra­phique, aime s’abriter derrière les mots des autres, qu’elle collection­ne, nous dit-elle, comme des joyaux. « J’ai des carnets pleins de mots. Offrez-moi une phrase bijou et je me sentirai gâtée. »

Isabelle Carré est donc du côté des Rêveurs, de celles et ceux qui s’obstinent à imaginer un monde

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