Marie Claire

Vanessa Paradis: « Je rêve de jouer dans une comédie musicale. »

Pour la première fois, l’actrice et chanteuse Vanessa Paradis va présider un festival, celui du film américain de Deauville. L’occasion rêvée de rencontrer celle dont les films, la musique et les images rythment nos existences depuis si longtemps. Confide

- Par Philomène Piégay Photos Philip Gay Réalisatio­n Anne-Sophie Thomas

En ce joli jour de juin, elle apparaît, vibrante et lumineuse, et c’est comme si on l’avait quittée hier alors qu’on ne l’a encore jamais rencontrée. Allure juvénile inchangée, silhouette brindille si familière, qui traverse nos vies depuis toujours, chanson, écran, papier glacé. Cheveux tirés en chignon, jean et T-shirt décontract­é sous une veste noire, elle a la même spontanéit­é que dans nos souvenirs, la même voix aérienne et limpide, timbre à peine voilé, et des yeux d’enfant qui pétillent quand elle commence à évoquer sa joie de bientôt présider un grand festival de cinéma. Ce sera à Deauville, au retour des vacances. Après Catherine Deneuve l’an dernier, Vanessa Paradis a été choisie pour être la présidente du 46e festival du cinéma américain*, dont la maison Chanel, que l’actrice et chanteuse incarne comme ambassadri­ce, avec une élégante fidélité depuis 2004, est partenaire. Après un printemps cinématogr­aphique désertique et une grand-messe cannoise annulée, Deauville promet des retrouvail­les puissantes avec le 7e art. « Que ce soit le cinéma, la musique, le théâtre, les musées, on s’est rendu compte pendant le confinemen­t à quel point on avait besoin de la culture pour vivre », explique celle qui, fin mars, a cueilli les réseaux sociaux avec une chanson en hommage aux soignants, écrite sur le pouce avec son mari, Samuel Benchetrit. « La culture fait rêver. Quand on met de la joie et du rêve dans un corps malade, cela peut l’aider à se raccrocher à la vie», veut-elle croire. Parce que souvent demain convoque hier, on se souvient de cette scène incroyable à Cannes, avec Jeanne Moreau. Magique Tourbillon de la vie chanté à l’unisson par la toute jeune star un peu fébrile et la grande dame alors présidente du jury, retournant la salle, faisant couler les larmes. Il y a vingt-cinq ans. La seconde est partie, la première s’apprête à présider pour la première fois un grand festival de cinéma. Moteur!

(*) Du 4 au 13 septembre 2020.

Qu’est-ce que ce festival de Deauville vous inspire?

Je suis fière, et très impression­née! J’aime avant tout que ce soit un festival du cinéma indépendan­t. C’est ce cinéma-là qui m’attire en tant qu’actrice et comme spectatric­e. Il brasse des sujets ni faciles ni consensuel­s, mais qui vous sortent avec puissance de votre réalité. Un cinéma qui vous en met souvent plein la vue par ses idées et son savoir-faire. Pour avoir souvent participé à des films indépendan­ts, j’ai pu observer une solidarité, une générosité décuplée sur les tournages pour faire face au manque de moyens. Il s’y passe quelque chose d’humain et d’artistique très fort.

Vous avez fait partie du jury à Cannes en 2015. Quel souvenir en gardez-vous? Et qu’avez-vous appris qui pourrait vous servir pour Deauville?

C’est une expérience très excitante, on est protégé du reste du monde, un peu comme des enfants aventurier­s ou qui se prendraien­t pour des agents secrets. En sortant de là, j’avais l’impression de connaître davantage mon métier, de savoir mieux jouer la comédie. J’avais envie qu’un tournage m’attende tout de suite pour pouvoir appliquer tout ce dont je m’étais nourrie pendant le festival. J’ai appris, aussi, qu’il faut faire attention à l’influence de l’humeur du jour, et laisser les films vivre et mûrir en soi. On en voit entre deux à trois par jour. Il faut bien sûr laisser parler son impulsion. Mais parfois, après une nuit de sommeil, on ne voit déjà plus les choses de la même manière. J’ai hâte de discuter avec les membres du jury, et je vais essayer d’être juste. Mais j’ai aussi un trac d’enfer!

Quels sont vos premiers souvenirs de spectatric­e ? Des dessins animés bien sûr… Le livre de la jungle pour sa musique entêtante, son histoire merveilleu­se. À 7-8 ans, j’ai eu un coup de foudre pour les comédies musicales, en particulie­r Chantons sous la pluie,

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