3 QUESTIONS

À ALEXANDRE LACROIX, JOURNALISTE ET AUTEUR DE LA NAISSANCE D’UN PÈRE*

Vous parlez de ce roman comme d’une « épopée ». C’est un terme peu commun pour évoquer la paternité.

On trouve beaucoup de livres où l’auteur évoque son père, mais peu où il se décrit comme père. Je me suis lancé un défi: combler ce manque. Mais ma grande crainte était de tomber dans la banalité! Beaucoup d’aspects de l’éducation sont triviaux: les biberons, les nez à moucher, les réveils la nuit… Cependant, je me suis aperçu que ce quotidien était une véritable aventure. Il y a des moments où vous êtes confronté à la peur. Et puis, l’amour pour les enfants est inconditionnel, comme celui qui lia Tristan et Yseult. Vous devez également les protéger, comme le chevalier défend son fief.

Vous dites que beaucoup de pères de famille se « jeunhommisent », préférant s’afficher en hommes disponibles pour avoir l’air crédibles. Est-ce encore le cas aujourd’hui ?

Regardez autour de vous. À la fin des repas, les femmes se racontent leurs accouchements ou parlent des difficultés qu’elles rencontrent avec leurs enfants. Pas les hommes. Mais cela évolue. Il y a trente ans, les pères n’entraient pas en salle de naissance, et ils abandonnaient toutes les tâches de puériculture aux femmes. Je ne dis pas que nous sommes dans une situation équilibrée ou paritaire, mais il me semble qu’un chemin considérable a été parcouru. Espérez-vous que ce roman «libère» la parole des pères et participe à modifier le regard de notre société sur leur rôle dans l’éducation?

C’est un roman très personnel, une expérience initiatique, pas un tract politique. J’espère simplement qu’il amènera les parents à rêver et à réfléchir sur leur expérience de la parentalité.

(*) Éd. Allary, à paraître le 28 août.

Propos recueillis par Adèle Bréau