Marie Claire

Photo d’enfance

- Par Marina Rozenman

Sébastien Tellier à 2 ans.

Le chanteur se souvient de ses grandes vacances, enfant, en famille entre les plages du Nord et du Sud-Ouest. De l’odeur de saucisson de la boucherie à côté de l’appartemen­t de Calais, du camping miteux de Biarritz, et de sa mère, fille d’une femme de ménage et d’un boxeur, devenue maire.

Ma mère «J’AI 2 ANS. JE N’AVAIS JAMAIS REVU CETTE PHOTO. me dit que c’est en Bretagne mais j’ai zéro souvenir de vacances en Bretagne. Nous, généraleme­nt, c’était Calais en juillet et Biarritz en août. Mais j’ai proposé cette image parce que je la trouve mignonne. Et c’est ma mère, sur cette photo. Évidemment. Et ma mère, comment vous dire? Ma mère, son parcours, c’est une montée. Un volcan. Fille d’une femme de ménage et d’un boxeur – mon grand-père, Jo Landsheere, est le premier Français, je crois, à avoir combattu sur le continent américain; mais la carrière de boxeur s’arrête jeune, donc disons que ma mère vient d’un milieu très populaire –, elle est partie du Nord – Wattrelos, dans la banlieue de Roubaix –, pour la région parisienne, où elle est devenue instit, puis directrice d’école primaire. Puis elle a créé une école pour enfants surdoués, et là, à cet instant, depuis une semainequi­nze jours, elle est maire de son village, dans le Vexin. Alors Calais ? Enfant ? L’été ? Calais, c’était la petite boucherie, à côté de l’appart, qui sentait fort le saucisson. C’était les saladiers qu’on apportait aux vendeurs de baraques à frites. Pour qu’ils les remplissen­t, bien sûr! Et les chalets sur la plage… Et la vue sur les falaises anglaises… Tandis que Biarritz? Biarritz, je me souviens du camping un peu miteux, où je passais de tente en tente réclamer des bonbons. Des cadeaux à l’intérieur des boîtes de lessive Bonux. Des croissants – excellents, très élastiques – de la boulangeri­e du coin. Et des vagues… Immenses… Ma soeur est bien plus jeune. Donc au moment où mon père prend cette photo, je suis fils unique. Sans nounou, trimbalé partout. Inclus dans les salles de classe de ma mère. C’est d’ailleurs en me baladant seul dans les grands couloirs vides de l’école, après la sonnerie de 16h30, que je vais commencer peu de temps après, sans le savoir, à planer, à “tripper”. Pour la première fois de ma vie.» Dernier album paru: Domesticat­ed (Record Makers).

En tournée en 2021.

Sébastien Tellier à Ploumanac’h, en 1977.

“Au moment où mon père prend cette photo de ma mère et moi, j’ai 2 ans. Ma soeur, bien plus jeune, n’est pas encore née. Je suis encore fils unique. Sans nounou, trimbalé partout.”

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