Le rap kawaii de Lean Chihiro

Sur Teenage humanoid, son premier EP*, la très prometteuse jeune Parisienne percute l’univers du dessin animé japonais et celui du rap américain. Et fait des étincelles roses.

ELLE A 20 ANS, RAPPE EN ANGLAIS ET EN JAPONAIS, emprunte son nom au récit initiatique Le voyage de Chihiro, du réalisateur Hayao Miyazaki et l’adosse à Lean en hommage à Yung Lean, rappeur suédois à peine plus vieux qu’elle venu de l’école du cloud rap, dont le versant vaporeux et mélancolique a inspiré la Parisienne pour enregistrer ses premières démos à 15 ans et assumer son style kawaii aux cheveux roses. « Je me suis lancée à l’époque où j’étais seulement Morgane qui fait du son dans sa chambre. J’étais dans un lycée majoritairement blanc et un peu cucul, on m’a beaucoup jugée. Même mon copain de l’époque ne voulait pas que je fasse du rap. Les gens n’ont pas vu non plus l’effort qui était derrière, j’ai réalisé que les autres mettent trop de pression sur nos vies. » ELLE TROUVE SES PREMIERS FANS SUR LE WEB, là même où elle repérait des correspondantes sur des forums de cosplay pour l’accompagner à la Japan Expo. Son public s’est élargi depuis. Son flow brûlant sur les nouveaux singles To the max ou Ice cold bubble tea n’a pas à rougir devant la concurrence américaine. Depuis l’enfance, elle croit au pouvoir émancipateur de la musique et le met en pratique, en ayant en tête celles et ceux qui auront sa musique dans le casque. « J’ai découvert très jeune Erykah Badu. Grâce à elle, j’ai compris que je pouvais tout faire. Je n’ai pas toujours un avis très positif sur moi-même, mais j’aimerais atteindre un jour un niveau plus haut de “self love”. Les paroles jouent beaucoup sur le quotidien et je veux que les gens puissent chanter ces chansons, à la première personne et se reconnaître dans mes mots », invite-t-elle. On prend aussitôt un ticket pour ce voyage de Chihiro aussi swag que kawaii.

(*) Sortie le 28 août (Ace).