La photo d’enfance d’Olivier Adam
L’écrivain* se remémore les années heureuses où son grand-père maternel emmenait la famille en forêt de Sénart le dimanche matin dans l’espoir d’apercevoir des biches.
Et de l’admiration qu’il a longtemps portée à son frère aîné. Par Marina Rozenman
Et « J’AI 3-4 ANS. MON PETIT FRÈRE N’EST PAS ENCORE NÉ. ça me fait marrer de voir mon grand frère déguisé en Zorro parce que je garde de lui une image assez sérieuse. Super bon à l’école, il avait tous les records, en sport, en athlétisme, il était aussi un excellent musicien et forcément, comme tous les grands frères, mon idole. C’est mon père qui a pris cette photo. Un moment de détente dans sa vie de labeur. Au milieu de l’immense forêt de Sénart, où mon grand-père maternel aimait nous emmener tôt, le dimanche matin. Avec l’objectif d’essayer de voir des biches. Puis d’aller manger parfois au restaurant d’Orly. Pour regarder les avions s’envoler. Et, c’est assez nébuleux – avant l’âge de 10 ans, j’ai très peu de souvenirs, ma mémoire est globalement contenue dans les albums photos – mais ce que je retiens de ces années-là, c’est l’impression, ou la réminiscence, d’une enfance heureuse. Ma mère se consacrait à nous et mes parents s’étaient endettés à vie pour nous offrir tout ce qu’ils n’avaient pas eu eux-mêmes : une belle maison avec chacun sa chambre, un jardin, des espaces verts non loin, et une inscription au conservatoire. Nous jouions tous d’un instrument. Maintenant, sur les trois photos que je vous ai soumises, dont l’une sur le massif de l’Esterel – lieu devenu, pour moi, extrêmement majeur, et où ma future compagne et mère de mes enfants allait au même âge, durant les mêmes vacances, au milieu des mêmes roches rouges… – il y a donc mon grand frère. Grand frère qui était mon partenaire de jeux. Et de balades. Tout le temps que nous avons vécu chez mes parents, nous étions très très proches. Nous sommes partis d’ailleurs à peu près au même moment. Et c’est vrai que ça fait pas mal d’années que nous n’avons plus vraiment de relations. Ces photos sont donc les traces d’un… lien, qui s’est étrangement et sans même que je sache comment effiloché, jusqu’à se dénouer. Un lien entre deux frères. Dont on voit bien sur les photos qu’ils étaient complices. »
(*) Dernier ouvrage paru: Tout peut s’oublier, éd. Flammarion.
“Ça me fait marrer de voir mon grand frère déguisé en Zorro parce que je garde de lui une image assez sérieuse. Il était super bon en tout. Et mon idole.”