Chantal Birman, sage-femme engagée et charismatique.
Dans le docu À la vie*, cette pro de l’accouchement bouscule l’image de la maternité, pas toujours rose layette. Propos recueillis par Laure Marchand
Quel message vouliez-vous transmettre en participant à ce documentaire?
Je voulais montrer la vérité de la maternité. L’image sociale de la mère qui vient d’avoir un bébé est en rose et bleu, acidulée. La réalité est grise. Nous, les sages-femmes, sommes dépositaires de ce tabou social. La majorité des accouchements se passe bien mais il y a 20 % de dépressions post-partum. Et le suicide est la première cause de mortalité maternelle la première année. C’est l’OMS qui le dit.
Le film montre la fragilité de ces premiers jours. Vous vouliez alerter sur l’importance de la prévention, pourtant dernière roue du carrosse en santé publique…
Des agents de la CPAM passaient pour informer les mères de leurs droits à des visites d’une sage-femme de retour chez elles. C’est terminé. Les plus précaires ne sauront pas qu’elles ont ces droits sociaux.
Vous venez de prendre votre retraite. Êtes-vous inquiète pour le métier et les futures mères?
Oui, la tarification à l’acte impose la rentabilité, la multiplication du nombre d’accouchements pour une seule sage-femme. Cela conduit à des fournées de péridurales. Les sages-femmes sont mises au service de la technique et non plus de la femme. Elles disent passer 70 % de leur temps devant un ordinateur. Les femmes qui accouchent en maternité traversent une solitude encore plus forte. Il y a une sorte d’écrasement de l’évènement. Les dépressions seront d’autant plus fortes que ces mères n’ont pas la compréhension de ce qu’il s’est passé dans leur corps.
(*) Réalisé par Aude Pépin, en salle le 10 février.