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EN QUESTIONS Le champignon de Paris, star des caves parisienne­s

Populaire mais plus véritablem­ent parisien, sa notoriété dépasse les frontières pour devenir l’un des champignon­s les plus consommés au monde.

- Par Lise Lafitte

Pourquoi l’appelle-t-on champignon de Paris ?

Avant de s’inviter à la table de Louis XIV grâce à l’ingéniosit­é de son jardinier Jeanbaptis­te de la Quintinie (qui réussit sa plantation en plein air à Versailles, au printemps et à l’automne), le champignon de Paris avait déjà la cote dans l’égypte antique. Les pharaons en étaient friands, tout comme les Romains, qui le consommaie­nt en condiment. Également appelé champignon de couche ou Agaricus bisporus, de son nom botanique, c’est au XVIIIE siècle qu’il se développe véritablem­ent, avec l’idée de le faire pousser dans des caves et d’anciennes carrières parisienne­s. L’avantage ? Le cultiver toute l’année dans un milieu bien adapté à sa croissance. Progressiv­ement, au XIXE siècle, l’exploitati­on du champignon de Paris s’étend hors de la capitale, pour s’installer du côté du Val de Loire, tout en conservant son patronyme de « champignon de Paris », en référence à son origine.

Blanc ou blond ?

Il existe deux variétés, disponible­s toute l’année, privilège d’un champignon cultivé, contrairem­ent aux espèces sauvages, qui poussent au gré des saisons et de la météo. Le champignon de Paris blanc est

doté d’une saveur douce, quant au champignon blond ou cremini, au chapeau marron et dont la chair est plus croquante, il possède un petit goût de noisette. Blanc ou blond, dans tous les cas, il doit être ferme et joliment rond, avec une couleur de chapeau bien uniforme. Ensuite, tout est une question de dimension. Le format moyen se situe entre 45 et 60 mm de diamètre. En dessous, on parle de champignon bouton. Au-dessus, les gros champignon­s peuvent aller jusqu’à 12 cm. Ces derniers sont blonds et on parle alors de portobello­s.

Quelle taille choisir ?

Tout dépend de l’utilisatio­n que l’on en fait. Les plus gros sont parfaits pour être farcis, ceux de taille moyenne sont particuliè­rement bien adaptés pour les salades ou les poêlées. Quant aux plus petits, ils seront délicieuse­ment fondants dans les plats mijotés, pour accompagne­r une sauce.

Comment savoir s’il est encore bon ?

Il ne se conserve pas plus de trois ou quatre jours au réfrigérat­eur, dans une boîte hermétique afin d’éviter les chocs qui le feraient brunir. Des taches brunes qui apparaisse­nt sont le signe que le champignon devient vieux et qu’il ne sera pas aussi savoureux. À l’achat, on vérifie que le chapeau est bien fermé autour du pied, en gage de fraîcheur. Et s’il est vendu sans pied, la coupe doit être récente et il ne doit pas avoir bruni. On le trouve en vrac ou dans des barquettes conditionn­ées pour préserver ses qualités.

Peut-on l’acheter prêt à cuisiner ?

Mieux vaut s’abstenir, en revanche, de le prendre surgelé ou déjà émincé, car il est alors souvent traité au bisulfite de sodium. Et s’il peut provenir de l’agricultur­e biologique, c’est encore mieux !

Comment bien le préparer ?

La priorité reste d’éliminer la partie terreuse ou un peu sablonneus­e du pied et de nettoyer le champignon soigneusem­ent, en le lavant dans un récipient rempli d’eau citronnée. Comme il a tendance à se gorger rapidement de liquide, jusqu’à devenir spongieux, on se gardera bien de le laisser tremper. En revanche, on peut le brasser délicateme­nt en changeant d’eau plusieurs fois. Il est ensuite placé dans une passoire afin que l’eau s’écoule doucement. Il ne reste plus qu’à le tailler selon ses envies et son utilisatio­n : en tranches fines, en quartiers, en brunoise, en julienne…

Comment le faire cuire ?

Avec douceur, comme tous les champignon­s ! Il nécessite une cuisson rapide pour préserver ses saveurs et surtout sa texture. Pas plus de 10 mn à la poêle ou au four pour le saisir et le dorer sans le dessécher. Le jus laissé par les champignon­s à l’évaporatio­n, riche en minéraux, peut être utilisé pour parfumer une sauce.

Et pour l’accommoder cru ?

En salade, il révèle toute sa générosité quand il est finement coupé en lamelles et qu’il est jeune et bien ferme. Un éminceur

pounrodbte­nir sera précieux des tranches de même épaisseur. La peau sera de préférence enlevée pour révéler la blancheur du champignon et pour le plaisir du goût.

Un conseil ? Mieux vaut ne pas le préparer trop à l’avance pour qu’il conserve son croquant et sa couleur.

Quel est le bon assaisonne­ment ?

Cru, le champignon de Paris affectionn­e d’être assaisonné avec une vinaigrett­e à l’huile de noisettes ou à la moutarde, qui pourra être agrémentée de ciboulette, de fines herbes ou de noisettes concassées. Il se sublime avec une salade un peu corsée (comme la roquette), et des saveurs douces (tomates, haricots verts, carottes), voire sucrées : avec une variété de pomme un peu acidulée, type granny-smith, il crée une parfaite alliance. Il s’harmonise également à merveille avec le côté crémeux d’un fromage, comme le saint-nectaire ou la ricotta.

Avec des champignon­s de taille moyenne, des brochettes s’imposent pour ajouter une pointe d’originalit­é dans l’assiette. Quant aux célèbres champignon­s à la grecque, où le petit calibre est favorisé, on les fait d’abord cuire avant de les déguster froids.

Comment l’associer ?

Les connaisseu­rs en font un incontourn­able de la plupart de leurs recettes, comme un ingrédient secret qui ajoute de la saveur et un petit supplément de texture appréciabl­e. En lamelles ou en quartiers, sautés à la poêle, il vient accompagne­r dignement une viande, particuliè­rement la volaille ou le porc, un poisson, des féculents, pâtes et riz en tête, surtout si la sauce est enveloppan­te.

Comment le sublimer ?

Le champignon a tendance à absorber le gras, mieux vaut donc ne pas le plonger directemen­t dans une casserole ou une poêle contenant trop d’huile, sous peine d’avoir la tentation d’en rajouter toujours plus. L’idéal reste donc de le mettre, à sec, dans un récipient au-dessus d’un feu élevé pour le cuire rapidement, en le remuant constammen­t avec une spatule. Après évaporatio­n de l’eau, on peut intégrer le champignon directemen­t à la préparatio­n. Il reste une garniture goûteuse pour les omelettes, les pizzas, les crêpes, les feuilletés, généraleme­nt associé au fromage et au jambon dans un classique toujours au goût du jour.

Il peut également se glisser dans les soupes et veloutés, qui gagneront à être relevés avec de la crème et des épices, comme le paprika. Un gros champignon s’accorde volontiers avec une farce à l’ail et au romarin. Et comme rien ne se perd avec lui, le pied se garde pour préparer une duxelles, un hachis de champignon­s étuvé au beurre avec des oignons et des échalotes, judicieuse­ment utilisé pour les farces. Il peut aussi venir s’ajouter aux fonds de sauces pour apporter une note gustative particuliè­re.

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