Maxi

Elle est mannequin senior ‘‘J’ai appris à m’accepter et à sourire de mon âge’’

À 49 ans, Catherine pose ou tourne pour la publicité. Pour elle, bien vieillir est un impératif et elle a appris à tirer parti de son âge en l’assumant, sans tricher.

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Soyez bien dans votre peau ! » J’avais 46 ans quand je suis allée au rendez-vous chez Masters Models, l’agence de mannequins seniors où j’avais été acceptée à Paris. Dans le train qui me ramenait chez moi, à Lille, je me repassais ce mot d’ordre de la responsabl­e des castings. Après m’être demandée à quoi il fallait ressembler pour plaire, j’ai compris que, pour moi comme pour toutes les femmes qui ne sont plus d’une première jeunesse, la seule solution était effectivem­ent d’être bien dans sa peau, c’est-à-dire d’accepter son âge. Je me suis appliquée et, depuis trois ans, je n’ai pas cessé de travailler pour des crèmes de visage comme pour de la mode. La première leçon que j’ai retenue, c’est qu’il ne fallait pas que je cesse de vivre pour être mince. Je fais une taille 42 et pèse 69 kg pour 1,70 m. J’aurais pu refuser les dîners avec mon mari, me mettre à la salade verte et ne plus boire un verre d’alcool avec une amie, tout ça pour faire un 38. Mais j’aurais vécu les yeux rivés sur la balance. C’est pour moi hors de question ! Je ne me pèse jamais, mais j’ai des pantalons qui me servent de mètres éta- lons. Quand le plus grand commence à me serrer, je fais un peu plus attention à mon alimentati­on. Ce sont les gens, davantage que le métier, qui sont impitoyabl­es avec le poids. Si je perds quelques kilos, les proches me disent : « Tu as l’air en forme ! » C’est pourtant souvent faux car, avec l’âge, la minceur dévore le visage. Les grandes marques de beauté internatio­nales, dont je suis parfois le modèle, ne me prendraien­t pas pour une crème visage si j’avais les joues creuses. Pour autant, je ne suis pas naïve. Je sais qu’on ne me pardonnera­it pas un poids excessif, ce qui a d’ailleurs été le cas quand j’ai voulu retravaill­er quelques années plus tôt. Neuf kilos de plus m’avaient fait recaler. Faire du sport, quand on n’est pas passionnée, c’est trop de contrainte­s pour quelqu’un qui ne passe plus sa vie devant le miroir, alors j’ai trouvé la solution : bricolage et déco ! J’ai monté des chambres d’hôtes* et je me démène pour que tout soit beau pour accueillir les voyageurs. Au moins, quand je casse des murs et trimballe des brouettes de gravats, c’est un effort physique qui a pour moi du sens ! La méthode est aussi efficace qu’économique. Si je projette de me réinscrire à des cours, c’est de yoga, parce que la discipline aide à être bien dans sa peau, donc belle. Mes cheveux, je les ai d’abord teints en blond ! Moi qui étais brune, j’espérais passer plus facilement le cap des premiers cheveux gris. Mais, un jour, j’ai décidé d’arrêter de tricher. J’ai laissé faire la nature. Et c’est à partir de ce moment que j’ai été très demandée, avec les cheveux poivre et sel ! Je les ai tout de même raccourcis parce qu’ils s’affinent avec le temps, mais l’agence me dit toujours que cette couleur est mon point fort et jamais aucun client n’a dit : « On l’aurait préférée brune ». Ça n’aurait d’ailleurs pas de sens car, dans un visage, tout s’harmonise et mes rides disent mon âge. Jamais je n’ai pensé au Botox ou à la chirurgie esthétique. On ne peut pas avoir l’air de ce que l’on n’est plus ; je ne dis pas que je suis enchantée de voir mes ridules le matin dans la glace, ma peau plus sèche et mes traits tirés, même quand je me couche tôt. Mais j’ai appris à être beaucoup plus indulgente envers moi-même. J’évite de m’autoflagel­ler et, si je me déplais le matin, je fuis le miroir pour la journée et j’attends de voir la tête que j’ai le lendemain. Au fond, je me pardonne les effets ordinaires de l’âge et je soigne mon capital : ma bonne humeur, mon large sourire et mon allure.

Je suis pleinement femme, sans doute davantage qu’à 25 ans !

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