Maxi

L’émouvant voyage solidaire de Vanessa

Depuis longtemps, Vanessa, très engagée auprès d’Emmaüs, souhaitait découvrir les visages de la solidarité à l’étranger. C’est chose faite grâce à la Fondation Carrefour et Maxi : Vanessa s’est rendue en Argentine où nous l’avons suivie.

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Lundi 20 février 2017, 9h30, aéroport internatio­nal de Buenos Aires : pour la première fois, Vanessa, 46 ans, pose les pieds en Argentine. Alors que l’on est au coeur de l’hiver en France, c’est le plein été au pays du tango et des grands espaces. Mais Vanessa n’est pas venue pour faire du tourisme. Si elle a parcouru ainsi plus de 11 000 kilomètres, c’est pour rencontrer des gens qui, comme elle, agissent quotidienn­ement pour aider ceux qui en ont le plus besoin : « À Emmaüs Défi, nous sommes en constante recherche des meilleures solutions pour lutter contre l’exclusion, explique Vanessa, qui est aux commandes de la Banque Solidaire de l’Équipement depuis cinq ans. Je suis donc très heureuse de venir voir ce que font, ici, des personnes qui oeuvrent auprès des plus démunis. J’espère trouver dans nos échanges des sources d’inspiratio­n, des idées, des pratiques que nous pourrons adapter en France. »

À peine le temps de récupérer nos valises, nous reprenons l’avion, direction San Carlos de Bariloche, en Patagonie du Nord. À 1650 km de Buenos Aires, aux pieds des Andes et à quelques kilomètres du Chili, la nature est ici souveraine. Nous avons le temps de l’admirer dès le lendemain durant les quatre heures d’autocar qui nous emmènent à San Martín de Los Andes : là-bas, nous attendent les membres de la fondation Huerta Niño (soit « l’enfant du potager »), qui entend lutter contre la malnutriti­on des enfants grâce au maraîchage.

Un potager pour les enfants

Ce matin, toute l’équipe est mobilisée pour construire le potager et la serre d’une petite école primaire, qui fait aussi office d’internat. Felipe, fondateur de l’associatio­n, et José, directeur de l’école, expliquent : « Ici, nous accueillon­s une trentaine d’enfants, de 6 à 12 ans. La plupart ont été abandonnés par leurs parents ou connaissen­t de graves difficulté­s familiales, certains sont aussi en situation de handicap léger et ne sont pas acceptés dans les autres écoles. À travers le potager, nous les sensibilis­ons à une meilleure alimentati­on car, en Argentine, les terres sont réservées au bétail, pas à la culture des fruits ou des légumes. Résultat : de très nombreux enfants ont faim. Or quand on a faim, on ne peut pas apprendre correcteme­nt ! » Pour que ces bambins s’approprien­t ce potager qui va les

nourrir quotidienn­ement, ils sont invités à le construire avec tous les adultes qui voudront bien y consacrer de leur temps et de leur énergie. Une cinquantai­ne de salariés du magasin Carrefour sont venus prêter main-forte bénévoleme­nt. Les uns scient du bois pour créer le squelette de la serre, les autres peignent les poteaux avec une peinture hydrofuge, d’autres encore labourent la terre et plantent carottes, betteraves, salades et autres fruits et légumes… Vanessa ne ménage pas sa peine pour apporter sa pierre à l’édifice, elle seconde Kamila, 8 ans, Antù, 7 ans, et Guada, 9 ans, qui ne quittent pas cette dame venue de si loin pour les aider. Elles ne parlent pas la même langue, mais communique­nt et se comprennen­t par des regards et des gestes complices. Après plusieurs heures de travail, le potager est construit. Telle une joyeuse grande famille, tout le monde va ensuite sauter dans l’eau fraîche du lac situé à quelques mètres de là. Vanessa ne cache pas son émotion : « Ces enfants sont tous dans des situations difficiles et, pourtant, à entendre leurs éclats de rire, à voir leur joie de fabriquer leur potager, mais aussi de s’amuser dans l’eau, je me dis que la vie reste la plus forte ! » Avant de partir, bénévoles, personnels de l’école et enfants forment une grande ronde, puis ferment les yeux pour graver en eux ce moment où l’union de tous a permis de construire ce potager, promesse

Des échanges d’une grande richesse

De retour à Buenos Aires, le lendemain, c’est une autre ambiance

qui attend Vanessa : dans la banlieue de la capitale argentine, les membres de la fondation Manos Abiertas (soit « mains ouvertes ») nous reçoivent dans l’une des quatre maisons ouvertes depuis 1992. « Dans ce foyer, nous accueillon­s des femmes, des orphelins, des personnes âgées délaissées et des malades en phase terminale », explique Claudio Teloni, directeur de l’associatio­n. En 2006, l’ouverture d’un atelier de boulangeri­e, puis d’un centre de formation aux métiers de la bouche, a permis à des centaines de femmes et de jeunes défavorisé­s d’apprendre un métier. Pour de nombreuses femmes, seules avec enfants ou trop âgées pour espérer être embauchées, cela représente la possibilit­é de nourrir leur famille en travaillan­t en indépendan­tes. Vanessa échange longuement avec Claudio et tous deux se promettent de rester en contact.

À plusieurs kilomètres de là, à Olivos, une autre banlieue de Buenos Aires, les membres de l’associatio­n Red Solidaria (soit « réseau solidaire ») nous attendent pour préparer et distribuer des repas à des personnes sans abri. Lorsque nous arrivons dans la cour de la maison qui fait office de foyer pour hommes, un gigantesqu­e barbecue fume pour cuire des dizaines de steaks. Tout de suite, Vanessa se mêle aux bénévoles qui coupent salades, tomates et pain afin de préparer des hamburgers. Dans le hall du foyer, une grande table est dressée pour que bénévoles et sans-abri partagent un moment de conviviali­té. Après plusieurs dizaines de sandwiches préparés, Vanessa les rejoint, accompagné­e de Juan Carr, initiateur de Red Solidaria et fervent admirateur de l’abbé Pierre, le fondateur du mouvement Emmaüs. « Nous aussi nous récupérons des meubles et des vêtements !, raconte-t-il. Nous avons développé un réseau de solidarité globale pour retrouver un enfant perdu, obtenir des soins médicaux, un toit… » Vanessa est admirative : « C’est bluffant tout ce que cette associatio­n parvient à faire uniquement avec des bénévoles. » Autour de la table, l’ambiance est joyeuse : ça parle, ça s’interpelle, ça rit… « C’était un très beau moment », assure Vanessa en quittant Juan Carr après lui avoir fait promettre de venir en France.

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Aux côtés de Guada, 9 ans, Vanessa ne ménage pas ses efforts.
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À la fondation Manos Abiertas, les femmes apprennent un métier.
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Vanessa, Sophie et Candela (Carrefour Argentine), préparent des repas pour des personnes sans abri.

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