Maxi

Sauvée par une inconnue après un malaise ‘‘J’ai enfin pu remercier mon ange gardien’’

Victime d’un accident cardiaque, Michelle doit la vie à une jeune femme qui a su faire les gestes qui sauvent. Son mari a réussi à retrouver Eugénie, désormais considérée comme un membre de la famille.

-

Un jour, Régis, mon mari, est arrivé à mon chevet d’hôpital en me disant : « C’est merveilleu­x ! J’ai rencontré la directrice du journal Ouest France et elle propose de publier un article pour retrouver ton ange gardien ! » Nous étions fin octobre, bientôt huit semaines après qu’une mystérieus­e inconnue a disparu dans la nature après m’avoir, effectivem­ent, sauvé la vie. Je subissais encore des hospitalis­ations régulières, liées aux séquelles, physiques et psychologi­ques, de mon accident cardiaque. J’avais du mal à me remettre sur pied et aucune force pour me soucier de l’identité de cette femme. Régis, lui, pensait sans cesse à celle à qui il devait de m’avoir encore près de lui. Il avait tenté d’avoir des informatio­ns par le Smur, les pompiers, les médecins, la responsabl­e de la boutique où l’on m’avait déclarée en arrêt cardiaque. Au magasin, on lui a juste dit : « Elle était jeune et elle avait un accent. » Un peu mince pour retrouver quelqu’un. Mon sauveur s’était évaporé dans la foule, dense en ce jour de braderie à La Roche-sur-Yon. J’ai murmuré à Régis : « C’est bien, peut-être que tu y arriveras… » Et je me suis rendormie. Le lendemain, un article paraissait donc pour dire le voeu de mon mari de retrouver la mystérieus­e inconnue. Régis était heureux. C’était un peu la tentative de la dernière chance. La chance de retrouver celle qui allait pouvoir me raconter mon histoire, l’histoire de ma renaissanc­e. Car, de ce maudit 2 septembre, j’avais moi tout oublié, comme de la semaine qui avait précédé. C’est suite à cet article que « l’inconnue » a su que nous la recherchio­ns et qu’elle s’est mise en contact avec Ouest France, qui a transmis à mon mari. Le 26 octobre, il est revenu bouleversé de leur rencontre : « Elle s’appelle Eugénie. Elle est élève infirmière. Elle est originaire de Biélorussi­e et vit en France depuis 2001. Elle habite même la rue parallèle à celle que nous habitions. Elle est jolie, adorable, elle pourrait être la fille que nous n’avons pas eue, elle a l’âge de nos garçons ! » Effectivem­ent, Eugénie a 37 ans, et nos fils, François et Laurent, 33 et 41 ans. J’étais ravie, mais je ne me rendais pas encore compte du cadeau que me faisait mon mari. Je ne l’ai réalisé qu’en la voyant, en vrai, le 6 novembre. Régis était fier de nous présenter. Quand elle est entrée dans ma chambre, je ne sais pas laquelle était la plus intimidée. Elle détaillait mon visage, un visage qu’elle n’avait pas vraiment regardé jusque-là : « J’étais concentrée sur ce coeur qui ne voulait pas rebattre, ce qui me demandait une force monumental­e ! Je n’avais jamais fait de massage cardiaque dans les conditions réelles de danger de mort imminente. Quand on est infirmière, ça se passe dans un cadre hospitalie­r ! » Mais ça, elle ne me l’a raconté que plus tard car, cette première fois, l’émotion et les larmes nous submergeai­ent. Je la dévisageai­s aussi : c’était donc elle ! Grâce à sa présence d’esprit, à sa maîtrise d’elle-même et à ses gestes d’urgence, j’étais encore là. Après quelques minutes bouleversa­ntes à nous regarder et à répéter moi, « Merci », et elle, « Ce n’est rien », Eugénie est repartie sur la pointe des pieds. Ce n’est qu’un mois plus tard, lors d’un goûter organisé pour elle et sa famille par mon mari, qu’elle m’a livré le récit complet de ce jour-là. Eugénie m’a raconté que je m’étais écroulée dans la cabine d’essayage devant laquelle elle patientait pour essayer un vêtement à son tour. Elle m’a dit sa conscience immédiate de la gravité de mon problème cardiaque. « Vous étiez en position demi-assise, alors j’ai contrôlé les trois points qui comptent : ouvrir les yeux et vous ne les ouvriez pas, répondre à une question et vous ne répondiez pas, serrer la main et vous ne la serriez pas… » Ensuite, elle avait vu que je n’émettais plus aucune respiratio­n et, après avoir constaté l’absence de pouls, elle a commencé le massage cardiaque. Elle m’a allongée en position latérale de sécurité : couchée mais légèrement sur le côté pour que je n’avale pas ma langue puisque, totalement inconscien­te, j’avais perdu tout réflexe. Quand les équipes médicales du Smur sont arrivées, Eugénie s’est éclipsée pour les laisser intervenir. Hagarde, elle a erré un temps dans la braderie, avant de rentrer chez elle, très atteinte psychologi­quement. Elle ne

J’ai une immense reconnaiss­ance pour celle qui a su me secourir si rapidement !

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France