Maxi

« Grâce à un formidable soutien, j’ai pu élever mes quatre enfants»

Parce qu’elle ne parvenait plus à gérer son ado difficile, Valérie s’est adressée à la fondation Apprentis d’Auteuil qui lui a tendu la main. Un secours grâce auquel elle a repris confiance en ses qualités de maman.

- Valérie

Lorsqu’ils me voient jouer et rire aux éclats, comme une gamine, avec Shyrlay et Lyndsay, mes filles de 5 et 10 ans, mes deux aînés n’en reviennent pas : « Maman, tu as bien changé ! » C’est vrai, avec Ketty et Teddy, qui ont aujourd’hui 20 et 19 ans, j’ai certaineme­nt été trop sévère… Mais j’étais si jeune et confrontée à tant de difficulté­s ! J’ai longtemps voulu tout assumer moi-même, mais il y a des épreuves qu’il est difficile de gérer lorsqu’on élève seule quatre enfants dont certains deviennent ados. À un moment, j’ai réalisé que je devais me faire aider. Sans la main tendue que j’ai su saisir, je ne sais pas comment j’aurais passé ce cap si difficile. Je me suis séparée du père de mes aînés quand ils étaient encore petits. Lorsque j’ai refait ma vie et eu mes deux autres filles, j’ai cru que, cette fois, c’était la bonne. Mais les relations avec leur père se sont peu à peu dégradées… Et alors que je rêvais de me marier pour la vie, cela a été un nouvel échec. J’ai pensé que je pourrais tenir seule les rênes avec mes quatre enfants, mais quand Teddy est entré dans l’adolescenc­e, tout s’est vite compliqué… Il était le seul garçon à la maison et, dès l’âge de 11-12 ans, il a commencé à me tenir tête, à être insolent. Si je lui demandais de ranger ses affaires ou de m’aider à mettre la table, il refusait. Je m’énervais, je le punissais, mais cela n’arrangeait rien. Parfois je laissais faire, sinon cela aurait été la guerre en permanence. Dans ces cas-là, je me reprochais d’être trop laxiste. Je doutais en permanence de moi en tant que mère, je m’épuisais à chercher le bon chemin à suivre. Je n’avais personne vers qui me tourner dans ma famille, et je ne voulais pas ennuyer mes amis avec mes problèmes. Teddy s’est mis à sécher les cours et, un jour, il y a eu l’incident de trop : une bagarre au collège. J’ai été convoquée par la police et ça, pour moi, c’était juste insupporta­ble. J’avais vraiment besoin que quelqu’un me rassure, m’enlève mes doutes… Teddy était suivi au collège par une psychologu­e mais sans grands résultats. Une crèche venait d’ouvrir tout près de la maison, où j’ai inscrit ma fille Lyndsay, qui avait alors 2 ans. Juste à côté de cette crèche se trouvait la fondation Apprentis d’Auteuil. Je savais qu’ils avaient un internat pour garçons et j’ai pensé que ce serait peut-être une solution. Un jour, j’ai pris mon courage à deux mains et je suis allée les voir. J’ai expliqué mes problèmes avec mon fils au responsabl­e qui m’a reçue, et il m’a proposé de déposer une candidatur­e pour l’internat. La fondation était prête, également, à m’accorder des facilités de paiement, car le coût était élevé pour mon budget, même s’il l’était beaucoup moins qu’un internat classique. À mon grand soulagemen­t, Teddy a été accepté. S’il y est d’abord allé à contrecoeu­r, rapidement, le fait de se retrouver avec d’autres jeunes de son âge lui a plu. Les équipes enseignant­es étaient très compréhens­ives, à l’écoute ; elles étaient vraiment là pour les soutenir, les amener à se remettre en question et à progresser. Teddy était aidé pour les devoirs par des éducateurs compétents et patients. Petit à petit, il a intégré les règles de l’internat : ranger ses affaires, se coucher tôt, participer aux tâches ménagères… Tout ce qu’il détestait à la maison ! Les premiers mois, lorsqu’il rentrait le week-end, il se montrait toujours aussi dur et rebelle. Moi, je continuais à passer régulièrem­ent à la fondation, car j’y trouvais écoute et soutien, notamment auprès de la médiatrice familiale, une femme adorable. Et comme la fondation recherchai­t des bénévoles, j’ai proposé mon aide pour des cours de français. Peu à peu, je me suis investie davantage en participan­t à des événements, comme la journée « Mamans en fête »*, par exemple. Dans cet entourage bienveilla­nt, je me sentais comme en famille ; j’échangeais régulièrem­ent avec les éducateurs et la médiatrice familiale, qui a été un relais entre mon fils et moi. Désormais, lorsque Teddy rentrait le week-end, je supportais mieux les tensions et je parvenais

Les conseils de la médiatrice m’ont aidée j SDFL¿HU OHV relations familiales

même à les désamorcer. Nos relations s’apaisaient… À la fin de la troisième année, l’internat n’allant pas au-delà du collège, je l’ai inscrit dans un lycée privé et il a décroché son bac. Comme quoi, il ne faut jamais lâcher !

Aujourd’hui, on me dit que mes enfants sont polis et gentils, ce qui me comble. Teddy est très pudique mais, pour mes 40 ans, il m’a offert une paire de boucles d’oreilles avec des petits coeurs. Cela m’a beaucoup touchée, c’était sa façon de me dire qu’il m’aimait. Je me sens plus confiante, plus sûre de moi en tant que maman, et ça, je le sais, je le dois en grande partie à la fondation Apprentis d’Auteuil. Je continue à participer à leurs actions. L’an dernier, je suis partie avec eux pendant deux semaines au Maroc pour un programme d’échange avec des femmes marocaines. Toutes ces expérience­s formidable­s et cette chaleur humaine m’ont transformé­e. J’ai réalisé qu’être sévère, ça rend malheureux, que la vie est sacrée et que la priorité, c’est le bonheur.

* « Mamans en fête » est une opération de solidarité organisée chaque année au mois de mai par la fondation Apprentis d’Auteuil pour financer des projets locaux en faveur des mamans isolées. Plus de renseignem­ents : mamans-en-fete.org.

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