La folie de la danse country
Conviviale, intergénérationnelle et même bonne pour la mémoire, cette danse en ligne fait de plus en plus d’adeptes. Retour sur ce phénomène qui fait bouger toute la France !
Elle nous vient des ÉtatsUnis, mais rien n’oblige à la pratiquer déguisé en cow-girl ou en cowboy : la danse country connaît, en France, un succès croissant depuis les années 1990. Aujourd’hui, c’est même un véritable phénomène avec plus de 15000 adhérents à la Fédération francophone de Country Dance et Line Dance (FFCLD). Si certains l’apprécient pour ses origines américaines, la plupart des amateurs s’y adonnent, avant tout, pour la convivialité. En effet, nul besoin d’un partenaire : cette danse se pratique en ligne dans une chorégraphie de groupe entraînante. Et elle rassemble toutes les générations ! Sur la piste, seul compte le plaisir de partager un bon moment. Une démarche qui a vraiment tout pour plaire.
Enthousiasme à tout âge !
Marjorie, 39 ans, est intarissable quand on lui parle de danse country. Il y a six ans, par curiosité, elle entraîne sa maman dans une soirée country près de chez elle, en Île-de-France et… c’est la révélation ! « Nous avons eu, toutes les deux, un vrai coup de coeur pour cette danse en ligne. Contrairement au tango ou aux danses de salon, pas besoin de partenaire, et personne n’est laissé de côté, tout le monde participe. Quand les gens ne connaissent pas les pas, on les met au milieu du groupe et on les entraîne. Cela donne une ambiance très joyeuse. » Loin de se tarir, sa passion l’a même amenée à prendre des cours pour devenir animatrice. « Il n’y a pas encore de diplôme d’État qui reconnaisse l’enseignement de la danse country, c’est pourquoi nous ne pouvons pas avoir le titre de professeur : nous sommes des animateurs », précise la jeune femme, qui enseigne à des danseurs de tous niveaux et de tous âges au sein de son association Cosmos 95. Comme elle, de plus en plus d’amateurs s’enthousiasment pour
cette danse en ligne qui a fait son apparition en France il y a vingtcinq ans. « À l’époque, les Français connaissaient la country parce qu’elle était liée à l’imagerie de l’Amérique, avec ses chapeaux de cow-boy et ses tenues typiques, mais ils ne maîtrisaient pas la technique, raconte Gérard Simoncello, président de la FFCLD. Or, en 1992, l’ouverture du parc Disneyland Paris et celle du Billy Bob’s Country Western Saloon, à Disney Village, ont permis aux gens de découvrir la danse country. En effet, ce bar organisait des soirées country conduites par un Américain, Robert Wanstreet, et ceux qui y participaient adoraient ! » Et c’est ainsi que, peu à peu, la danse country est sortie du Billy Bob’s et s’est répandue dans tout le pays pour prendre encore de l’ampleur dans les années 2000. En effet, Internet rendant facilement accessibles musiques et petits films pour apprendre les chorégraphies, de nombreuses personnes ont pu s’y mettre. Des bars ont alors ouvert leurs portes aux amateurs, notamment le weekend, pour des soirées thématiques qui ont connu un succès grandissant. En 2003, la Fédération francophone de Country Dance et Line Dance (FFCLD) voit le jour pour regrouper les Français déjà accros : lancée avec 150 adhérents, elle en comptait déjà 700 huit mois plus tard et en rassemble plus de 15000 aujourd’hui ! Et elle recense 530 clubs dans tout le pays, mais, comme le précise Gérard Simoncello, son président : « Tous les clubs de France ne sont pas adhérents à notre fédération, ce qui veut dire qu’il y en a bien plus ! » Anne Guegan, auteure de L’Esprit des danses country & western (Saint-Léger éditions, lire « En savoir plus » page suivante) et à l’origine d’un guide* très complet sur la country le confirme : « En France, environ 800 associations permettent d’apprendre à danser et organisent des soirées et des rassemblements. Rien qu’autour de chez moi, près du Mans, il y en a huit dans un périmètre de 20 kilomètres ! Certains soirs, il y a des soirées country dans quatre ou cinq villages proches ! Il y a une quinzaine d’années, il fallait faire en moyenne 250 kilomètres pour aller danser. Aujourd’hui, il y a toujours un rendez-vous près de chez soi. » Et les plus passionnés n’hésitent pas à participer à des festivals dédiés, comme les Rencontres nationales de la FFCLD, dont la huitième édition s’est tenue en mars à Issoudun (36). Parmi les prochains rassemblements : le Festival Country 31 aura lieu du 23 au 25 juin à Muret (31) ; le Country Festival 63 du 13 au 15 juillet à Courpière (63) ; les Country Days les 21 et 22 juillet à Cazan (13)… Des occasions conviviales pour s’adonner à ce loisir ou s’y initier. « Quand on danse la country, on oublie tous ses complexes, affirme Marjorie, comme une invitation à tous les néophytes. C’est une activité amusante et bienveillante ! » Alors, on se lance ?
La country, ça crée du lien
Mais qu’est ce qui fait courir de plus en plus de Français vers les cours et les soirées de danse country ? Sans aucun doute son côté accessible. « On peut pousser, par hasard, la porte d’un bar lors d’une soirée country et se mettre à danser avec les autres, explique Gérard Simoncello, président de la FFCLD. Car, avec la country, il n’y a pas de règles, on ne se fait pas rabrouer si on rate un pas. On est porté par le nombre et l’on se sent immédiatement à l’aise. » Accessible, la country l’est aussi financièrement : la plupart du temps, une adhésion annuelle de 40 à 60 euros à une association suffit. « Avec la danse country, on peut se faire plaisir très vite, renchérit Anne Guegan, une spécialiste du phénomène, qui pratique et enseigne. Il suffit de connaître une dizaine de pas assez simples pour s’amuser ! Cela incite à entrer dans la danse. Et c’est une façon