Maxi

Retracer son histoire est primordial

- Audrey Le Meyrer, psychologu­e et psychothér­apeute

Pour avoir suivi des patients qui ont découvert à l’âge adulte qu’ils avaient été adoptés, je connais les ravages des secrets de famille. La vérité peut toujours se savoir, à l’occasion d’une maladie, par exemple. Je connais des enfants qui ont découvert à 35 ans qu’on leur avait menti parce qu’ils avaient besoin d’un rein. Ils avaient besoin d’une greffe et, ô surprise, aucun des parents ni membre de la famille n’était compatible. J’ai également reçu des parents dans mon cabinet venus me consulter pour savoir comment dire la vérité aux enfants. Il faut éviter les mensonges, car quand les intéressés l’apprennent, peu importe qu’ils aient été aimés : ils le vivent souvent comme une trahison. Dans ce cas, beaucoup de questions se posent et il faut remettre à plat ce qui est en train de se passer. Il y a forcément de la colère et de la rancoeur, qu’il faut accepter car elle est légitime. Tout mensonge est une forme d’injustice. Dans le cas de Valérie, le questionne­ment est double car, au mensonge des parents adoptifs s’ajoute un scandale d’État. Toutes ces années de secret sont autant de temps perdu pour rechercher son identité et retracer son histoire. La vérité, comme l’accès à ses origines, n’est pas thérapeuti­que en soi. Ce qui compte, c’est ce que l’on fait de cette informatio­n et comment, comme Valérie, on redevient actrice de sa vie.

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