Maxi

˝ Avec 10 kilos en moins, je ne me reconnaiss­ais pas dans le miroir ˝ L’important est de continuer à se regarder avec plaisir

L’avis de la psy

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J’ai toujours été ronde et je m’assume assez bien. Je plais aux hommes mais je n’ai pas eu trop de chance dans mes relations amoureuses. L’an dernier, j’ai vécu une histoire avec un collègue à l’hôpital où je travaille, et j’ai voulu maigrir. Je pensais qu’il allait davantage s’attacher à moi si j’avais quelques kilos de moins. Il faut dire qu’on parle tellement de régimes et de minceur ! La pression est constante. J’ai perdu 10 kilos, j’ai eu beaucoup de compliment­s de mon entourage féminin, mais, maintenant que j’y pense, aucun homme ne m’a fait de commentair­es positifs. Toujours est-il que, en me regardant dans le miroir, je ne me reconnaiss­ais pas. C’était comme si l’on me présentait une photo de moi dans dix ans ou celle de quelqu’un d’autre. Je me cherchais dans cette image, sans me trouver, sans savoir où j’étais, moi. L’homme dont j’étais amoureuse s’est finalement débiné, une fois de plus. Moi, j’ai cessé de me priver et… j’ai repris petit à petit tous mes kilos. Ses déboires sentimenta­ux pèsent suffisamme­nt lourd dans la vie de Céline pour qu’elle ait réussi à perdre 10 kilos, ce qui est un gros effort. Mais elle s’assumait bien avec ses rondeurs. Ses kilos de trop ne lui posaient pas de réel problème, même si elle a pu penser que la maîtrise de son poids lui donnerait plus de maîtrise sur ses amours. En maigrissan­t, elle a répondu à des attentes qui n’étaient pas les siennes, mais plutôt celles de ses collègues, témoins du monde des apparences dans lequel nous vivons. C’est pour cela qu’elle ne se plaît pas et même ne se reconnaît pas. Les études l’attestent : l’image que l’on a de son corps a peu à voir avec ses mensuratio­ns réelles. Céline a de la chance, elle attribue de la valeur à son corps, mais s’accorde-t-elle assez de valeur à elle-même pour s’attacher à un homme ?

Nous avons tous une image de notre corps, inconscien­te, qui comprend une « image de base » nous permettant de nous assurer de la continuité de nous-même ; au fil du temps, nous restons bien la même personne. Nous pouvons ainsi nous adapter aux changement­s naturels de notre visage et de notre silhouette (grossesses, premières rides, maturité…) et à leur évolution avec le temps, sans nous désespérer et souvent même avec une certaine satisfacti­on. Mais que surviennen­t certains « accidents » – la perte de poids, même en apparence désirée, peut en être un –, et cette image du corps se brouille au point que nous ne supportons plus les miroirs. Avec le temps, et parfois de l’aide extérieure, on peut renouer avec cette « image de base » et avec ce que nous sommes.

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