Maxi

«Je veux donner une seconde chance aux plus fragiles »

Bulles de savon, c’est le joli nom de la laverie-repasserie-retoucheri­e mise en place par Sylvie. Son objectif : créer des emplois pour des personnes en situation de précarité. Mission accomplie !

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Lorsque je suis arrivée dans les AlpesMarit­imes, j’avais déjà en tête de trouver de nouveaux projets pour aider les personnes en difficulté. Offrir un tremplin pour sortir de la précarité, trouver du travail aux accidentés de la vie : c’est mon métier à Initiative­s Emploi, l’associatio­n dont je fais partie depuis des années. L’idée de créer une laverie solidaire était déjà dans les cartons depuis un moment, il n’y avait plus qu’à trouver l’endroit. Un heureux hasard a fait les choses. Lorsque j’ai vu l’annonce d’un local à louer attenant à une laverie dans ce quartier populaire et vivant du centre-ville de Cannes, j’ai immédiatem­ent su que c’était là que mon projet prendrait racine ! Aussitôt, j’ai contacté Brigitte et Sylvie, les propriétai­res de cette laverie, pour leur faire part de mon projet solidaire et social. J’ai trouvé deux femmes humaines et très ouvertes qui ont accepté de faire des travaux d’agrandisse­ment pour ouvrir une repasserie et un atelier de couture dans leur laverie ! Le projet est passé en commission à la direction du travail en avril dernier et, en mai, tout le monde était à son poste de table à repasser ! C’est la Région qui a financé tout le matériel. Via Pôle emploi, j’ai ensuite étudié les cas de demandeurs les plus prioritair­es pour rejoindre notre aventure : des chômeurs de longue durée, en fin de droits, au RSA. Des jeunes perdus ou isolés, des seniors licenciés, des femmes « cabossées » par la vie, des mamans avec des problèmes de logement et des enfants en bas âge… L’objectif pour moi était simple : pas d’embauche sur CV, mais sur la motivation et les besoins de chacun ! J’ai ainsi pu créer quatre emplois à temps plein, dont les salaires sont pris en charge, entre autres, par les aides départemen­tales et la Région. C’est ainsi que chacun, chacune est arrivé à la laverie avec son histoire et son parcours de vie. Aux manettes de Bulles de savon, tout d’abord il y a Marie, 56 ans. C’est notre chef d’encadremen­t qui gère les autres salariés. Elle travaillai­t dans un pressing avant de se retrouver brusquemen­t au chômage ! Et puis, du côté de la repasserie, il y a Jeanne, 23 ans, maman solo d’une petite fille de 3 ans, une jeune femme sans emploi qui revient de loin et à qui il était urgent d’offrir une nouvelle vie. Il y a aussi Nadia, 50 ans, qui a passé sa vie dans la restaurati­on et l’hôtellerie et qui, usée par le métier, s’est retrouvée au RSA. Parité oblige, nous avons aussi employé des hommes ! Comme Éric, 50 ans, serveur de métier, qui s’est retrouvé seul et au chômage, et notre benjamin, Kevin, 22 ans, un jeune en rupture familiale, sans diplôme, en quête de repères. Tous bénéficien­t d’un contrat d’insertion en CDD allant de 6 à 24 mois, et tous sont accompagné­s par Umberto, notre travailleu­r social, pour préparer l’après, leur véritable retour dans le monde du travail.

Mon objectif ? Pas d’embauche sur CV, mais sur la motivation !

Ce mélange des genres, des âges et des parcours de vie crée une belle atmosphère sympathiqu­e et souriante. Les clients qui viennent à la laverie sont attirés par l’aspect positif de ce projet d’insertion qui ne montre personne du doigt et ne fait pas dans le misérabili­sme. Ici, les blessures du passé ne se voient pas et le regard est résolument tourné vers l’avenir. Chacun des salariés est si fier d’avoir un travail entre les mains ! Je me suis fait un point d’honneur à être près d’eux le jour où ils signent leur contrat d’embauche. C’est un moment symbolique si important : tous savent que ce contrat, tout comme leurs fiches de paie, est un passeport qui les autorise enfin à revenir dans le monde ordinaire, à l’écart de la marginalit­é ! Ce projet d’insertion, pour moi, est la preuve vivante qu’avec la bonne volonté de chacun, en venant d’horizons divers, nous pouvons faire avancer les choses en donnant aux personnes concernées la chance d’un nouveau départ. Cette estime de soi retrouvée à travers le travail et la reconnaiss­ance des autres, cela n’a pas de prix. C’est un moteur qui permet de repartir du bon pied, de croire en soi et d’être enfin maître de sa vie. Maintenant que la laverie solidaire est bien en marche, je souhaitera­is que des Bulles de savon comme celle-ci essaiment un peu partout. Si on s’y met tous ensemble, ce n’est pas si compliqué… Cela fait vingt ans aujourd’hui que je travaille dans la réinsertio­n profession­nelle et la solidarité, j’y crois plus que jamais.

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Par Alexandra Martin TéMOIGNAGE

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