Maxi

Quand l’amour d’un animal aide à guérir

Alors qu’elle était tombée dans une dépression sévère, Julie a retrouvé goût à la vie grâce à une petite boule de poils qui a changé son existence.

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« Mon chien m’a sauvé la vie »

Etions-nous faits l’un pour l’autre ? Bien sûr, la pensée peut paraître étrange ou excessive quand on parle d’un chien. Aujourd’hui, pourtant, j’aime à penser que ce golden retriever m’attendait. Des familles avaient déjà choisi trois soeurs et un des frères de la portée. Un jour, j’ai eu la chance de le rencontrer… Mon appartemen­t commençait à sentir la poussière et le lait tourné. Quelques rues seulement me séparaient du métro mais je me sentais incapable de franchir cette distance. La vie aurait dû être belle : j’avais 22 ans, je venais de terminer mes études et j’avais réuni assez d’argent pour payer mon loyer et mes factures. J’avais des parents et des amis qui m’aimaient. Seule ombre au tableau : je m’étais séparée du garçon avec qui je sortais depuis l’université parce qu’il m’avait trompée. Cette douleur, à elle seule, suffisait-elle à me terrasser ? C’était sans doute plus profond. J’étais au bord de la crise. Dès que je sortais, j’entendais des voix dans ma tête et des pensées incontrôlé­es, impossible­s à maîtriser. J’avais l’impression qu’une digue de chagrin accumulé depuis l’enfance menaçait de céder. Un sentiment de solitude atroce avait fini par prendre le dessus et je me suis surprise à imaginer quel soulagemen­t ce serait de mettre fin à mes jours. Un matin, je me suis assise sur le sol de la douche et j’ai hurlé à la mort. Dans un réflexe de survie, j’ai appelé ma mère et j’ai éclaté en sanglots. Je ne pouvais plus tenir debout. Elle a accouru et m’a ramenée chez elle, en espérant me soigner, sans savoir vraiment comment elle allait faire… Elle aussi ignorait, comme moi, qu’un chiot venait de naître dans une ferme voisine. Il n’y a pas de hasard. J’apprendrai, plus tard, qu’il est venu au monde ce jour de printemps où j’ai voulu mourir. J’ai accepté de voir une psychiatre qui a diagnostiq­ué une « dépression majeure » et m’a prescrit des médicament­s, sans effet. Malgré tout, sa voix douce et tendre me mettait à l’aise. Quand je lui ai parlé, sans savoir trop pourquoi, de mon envie d’adopter un chien, elle a trouvé l’idée formidable. Enfant, j’avais toujours eu des chiens. Une boule de poils que je pourrais protéger et qui, peut-être, me protégerai­t en retour. Dès le dimanche suivant, au petit déjeuner, ma mère a pris l’initiative d’éplucher les petites annonces à la recherche de portées. Elle a pris rendez-vous. Il paraît que ce n’est pas le maître qui choisit son chien mais l’inverse. C’est exactement ce qui m’est arrivé. Dès que j’ai pris Bunker dans mes bras, il m’a donné un coup de langue sur le nez. À l’instant de notre rencontre, j’ai ressenti comme un premier changement perceptibl­e face à cet adorable museau. Pour une fois, j’étais responsabl­e de quelqu’un. Dès le lendemain, ma vie a changé. Je m’étais rarement réveillée avant midi : le sommeil était le meilleur moyen d’oublier ma tristesse. Désormais, quand j’ouvrais les yeux, à l’aube, dès que je croisais le regard de Bunker ou sentais son haleine sur ma joue, je m’étirais et je me levais sans peine. Pleine d’espoir, ma mère m’observait par la fenêtre du salon. Peu à peu, je me suis dit qu’avec Bunker à mes côtés, je pourrais peut-être réessayer de devenir indépendan­te. Pour mes parents, cet optimisme avait des allures de miracle ! Je pouvais passer des heures à l’observer et à rire : cela me tirait de mes idées noires et m’ancrait dans l’instant présent. Les seuls moments que je passais sans lui étaient les rendez-vous chez ma thérapeute qui, peu à peu, observait mes progrès. Elle voulait surtout que je laisse sortir ma tristesse, ce que je ne m’autorisais qu’en la seule présence de mon chien.

Grâce à Bunker, mon chagrin a commencé à se dissoudre

Un animal pouvait-il sentir ma tristesse et me consoler ? J’avais tellement besoin d’un compagnon qui ne me jugerait pas et m’aimerait de façon inconditio­nnelle… Et en cela, Bunker a été parfait. Grâce à lui, mon chagrin a commencé à se dissoudre. Quand une amie m’a appelée pour me parler d’un poste à pourvoir, j’ai trouvé le courage d’accepter. Avec Bunker, j’en aurais la force. Il m’a accompagné­e ensuite pendant quelques belles années. Il a été témoin de ma rencontre avec mon futur mari. Il m’a vue enceinte de mon premier enfant, puis de mon second. Je ne sais pas si on guérit complèteme­nt d’une dépression, mais j’ai retrouvé le goût de vivre. Bunker a tellement changé ma vie que j’ai tenu à raconter son histoire dans un livre *. Ce qui m’a valu des retours du monde entier, des histoires incroyable­s. Les échanges entre hommes et animaux peuvent être d’une telle richesse ! Mon chien a vécu onze ans à mes côtés. Tout au long de sa vie extraordin­aire, j’ai redouté le moment où il devrait me quitter à son tour. C’est arrivé alors que ma fille aînée avait 2 ans, que j’étais enceinte de mon deuxième enfant et que nous venions d’acheter une maison. L’année précédente, je l’avais emmené chez le vétérinair­e pour un bilan complet et il semblait en excellent santé. Et puis soudain, il est tombé malade. Sans doute Bunker a-t-il pensé, avec raison, que sa mission était accomplie… Julie

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La présence d’un animal de compagnie peut avoir un effet thérapeuti­que salvateur.

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