Se regrouper entre seniors pour cohabiter
Une bonne alternative aux maisons de retraite ?
Aujourd’hui, 18 %*des Français ont au moins 65 ans. En 2050, on en comptera un tiers . Et désormais, deux générations de retraités coexistent : les 60-80 ans et les plus de 80 ans. Bien sûr, la très grande majorité souhaite rester à domicile**. Alors que certains se rapprochent de leur famille, d’autres tentent de réinventer leur lieu de vie afin d’être entourés, sans pour autant subir la promiscuité et l’ambiance d’une maison de retraite. Ainsi, de nouveaux habitats voient le jour : pour l’instant, ils séduisent surtout les femmes, mais sont amenés à se développer. * Insee 2014. ** Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees, 2015).
Une envie d’être indépendant, mais entouré
C’est l’anti-maison de retraite par excellence : à Montreuil, en région
parisienne, dans une résidence réservée aux femmes de 60 ans et plus, elles sont une vingtaine à vivre dans un immeuble où chaque résidente est dans son logement, mais partage des espaces collectifs. Dans cette Maison des Babayagas, elles cultivent ensemble un petit jardin, organisent des repas en commun, des ateliers de dessin ou de loisirs dans la salle commune, mais aussi des sorties qu’aucune ne ferait seule, mais qu’elles ont plaisir à vivre à plusieurs.
Leur but : bien vieillir en restant autonome et sans vivre les affres de la solitude. « Des projets comme celui-là, il y en a des dizaines en France », se réjouit Serge Guérin, auteur de Silver Génération, 10 idées reçues à combattre à propos des seniors (éd. Michalon). Pour ce sociologue, ce phénomène n’arrive pas par hasard. « Ce sont des projets portés par des citoyens nés en général dans les années 1950, c’est-à-dire la génération de 68, habituée à réinventer les moeurs et la société. Ils ne veulent pas vieillir comme leurs parents, dépendants de leur famille ou en maison de retraite. »
Bénédicte Goussault, auteure du guide Que faire de sa retraite ? Une vie à inventer ! (éd. Humanis), confirme : « Le monde de la retraite est en pleine évolution. Les nouveaux retraités sont plus nombreux et en meilleure forme que les générations précédentes. »
D’où cette envie de profiter de chaque moment, d’avoir des activités, des amis, de vivre dans un chez-soi où les voisins partagent le même genre de vie : « Habiter un immeuble communautaire, c’est le rêve pour moi », sourit Claude, 68 ans, retraitée, veuve depuis cinq ans, qui passe son temps entre ses petits-enfants et ses copines. « Je suis en bonne santé, sociable… Au même âge, ma mère, qui était bien plus fatiguée que moi, vivait dans un hospice un peu triste. Moi, je préfère être entourée de personnes qui ont fait le même choix de vie que moi. Je suis sûre que ce type d’environnement, intellectuellement stimulant, aide à mieux vieillir ! »
Plus question de se résoudre à la solitude ! Lors de stages de préparation à la retraite, la question de savoir où l’on va habiter est naturellement posée, précise Séverine Dominique, chargée de projet chez France Retraite : « On s’aperçoit souvent que les femmes s’en inquiètent plus que les hommes. Il y a sans doute des raisons économiques à cela, car elles anticipent une baisse de leur niveau de vie à la retraite. De même, certaines sont seules ou craignent de l’être un jour ou l’autre. » Et pour cause : 77 % des femmes vivent seules à partir de 65 ans. Or aujourd’hui, plus question pour ces dernières de se résoudre à la solitude : beaucoup se sentent prêtes pour une nouvelle expérience de vie !