Maxi

Trouver le bonheur malgré une enfance difficile

Sous prétexte qu’ils nous ont mis au monde, on n’ose pas toujours se révolter contre nos parents. Et pourtant, en cas de violence ou de maltraitan­ce, c’est probableme­nt la seule manière de bien s’en sortir et de faire sa vie. ˝ J’ai réussi à garder la têt

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Je suis Guadeloupé­enne, très noire de peau. Mon histoire tient dans cette différence, car le racisme, la première fois que je l’ai connu, c’était dans ma famille, à Pointe-à-Pitre. Une famille de métis, du plus clair aux yeux verts, mon cousin germain, à la plus foncée, moi. J’ai toujours entendu ma grand-mère dire que c’était une misère, une peau pareille, et ce nez… C’était pourtant une grand-mère très dévouée, très aimante. Ma mère la laissait dire parce qu’elle pensait la même chose. J’étais « la négresse » dans ma propre famille. Un objet de désolation, de honte. J’ai tout essayé gamine pour éclaircir ma peau : le jus de citron, je frottais même mes joues avec des galets comme des pierres ponces… une fois, j’ai acheté un fond de teint en disant à la vendeuse que c’était pour ma voisine, une blanche. On aurait dit un clown, je me sentais laide, pitoyable. Mes parents ne mettaient en avant que mes talents pour les études. De fait, je suis la seule à avoir fait des études supérieure­s en métropole. Infirmière. Mais le regard des autres n’était pas plus doux. À l’hôpital, plusieurs fois des patients ont dit qu’ils ne voulaient pas être soignés par une « négresse ». Moi, j’accentuais mon côté africain par ma coiffure et mes bijoux, j’avais la rage, ça me faisait garder la tête haute. Et puis j’ai rencontré mon mari, un médecin, un blanc, on a eu trois enfants et fondé un foyer solide. Mais je vois peu mes parents.

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PSYCHO Par Alexia Bohm

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