Maxi

˝ Je n’avais pas envie de repasser sur le billard ˝

Marie, 42 ans, assistante de direction, un fils de 4 ans, Achères (78)

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Quand j’ai été opérée d’un cancer du sein en 2014, le chirurgien m’a dit que je pourrais envisager une reconstruc­tion après la radiothéra­pie. Instinctiv­ement, j’ai senti que je n’en voudrais pas. J’avais l’image des prothèses gluantes en silicone : je ne voulais pas qu’on mette « ça » dans mon corps. Cette première impression s’est confirmée avec le temps : je n’avais pas envie de repasser sur le billard ! Pendant le cancer, j’ai été examinée, palpée par des dizaines de soignants. Cela m’a été vraiment pénible. Désormais, je ne veux plus que des inconnus touchent ma poitrine ! De plus, je trouve que cela n’en vaut pas la peine : aucune chirurgie ne me rendra le sein qu’on m’a enlevé ! Je sais que mon choix suscite des interrogat­ions. Mon mari m’a demandé mes raisons. Quand je lui ai expliqué que cela consistait à prendre un muscle dans le dos pour le raccrocher devant et y mettre une prothèse en plastique ou de la graisse prélevée dans mes cuisses ou mon ventre, il m’a dit avec des yeux horrifiés de faire comme je voulais. Depuis, il a appris à apprécier mon sein manquant et il porte un regard doux sur ma cicatrice. Pour rien au monde, je ne changerais ça. Une amie très proche a été très surprise de ma décision. Je lui ai expliqué, en lui montrant la petite prothèse que je glisse dans mon soutien-gorge, que je préférais ce doudou à un bout de silicone. Elle aussi a compris. À part les quelques personnes à qui j’en ai parlé directemen­t, personne ne sait si je suis « reconstrui­te » ou pas. D’ailleurs, même sur la plage, on ne peut pas le deviner. Ça me convient très bien !

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