Maxi

« Sa marraine et moi voulons offrir le meilleur à ma fille »

Anne rêvait de parrainer un enfant dans le besoin pour lui offrir des petits bonheurs simples. Maman célibatair­e, Morgane souhaitait trouver une famille pour l’aider à offrir à sa fille le meilleur. Le parrainage a réuni les deux familles.

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C’était le deuxième dimanche du mois de juin 2016. En entrant dans la mer, Gio, 10 ans, a crié de joie. Ce tout premier bonheur qu’elle a offert à sa protégée, Anne, 43 ans, n’est pas près de l’oublier. « Nous étions parties, confie-t-elle, très tôt le matin, avec Kim, ma fille, du même âge que Gio. Il faisait si beau. L’eau était encore fraîche. Les filles ont joué dans l’eau toute la journée. En repartant, nous avons mangé toutes les trois une glace à la fraise. Gio semblait si épanouie. Au retour, elles se sont endormies toutes les deux à l’arrière de la voiture. Au volant, je sentais que j’avais marqué un point ! » Car celle qu’Anne nomme sa protégée n’est ni l’amie de sa fille, ni une parente, mais une petite fille qu’elle « marraine » via une associatio­n. Gio, elle, vit toute seule avec sa maman et cette dernière, la seule personne sur qui la fillette peut compter dans la vie, souffre de la maladie de Lyme, une pathologie invalidant­e qui la maintient trop souvent à son domicile. « Tout a commencé il y a huit ans, explique Morgane, la maman de Gio, nous revenions de vacances. Sur la route, j’ai senti mes muscles se contracter. Heureuseme­nt, j’ai eu le temps d’arrêter le véhicule. Mais j’ai fait un malaise à l’arrêt. À mon réveil, j’étais à l’hôpital ! » Voilà maintenant six ans que cette ancienne assistante en communicat­ion qui avait l’habitude de vivre à mille à l’heure, ne travaille plus. À 45 ans, Morgane vit actuelleme­nt d’une allocation handicapée. « Entre le loyer, l’électricit­é, les courses alimentair­es… et mon traitement médicament­eux pour l’essentiel non pris en charge par la Sécurité sociale, je dois compter les centimes dépensés à partir du 15 de chaque mois. Par ailleurs, à cause de relations très toxiques vécues depuis mon enfance, j’ai été amenée à couper les ponts avec mes parents. Je vis séparée du père de Gio depuis qu’elle a un an et demi, et il est absent de sa vie. Je ne peux donc plus m’appuyer sur personne pour élever ma fille. Et pour grandir correcteme­nt, Gio avait besoin de s’appuyer sur d’autres adultes. » Est-ce parce qu’elle s’était interdit de faire les choses que sa maman ne pouvait pas faire ? Gio manquait un peu de vitalité, alors que Morgane insistait pour qu’elle sorte dans le parc à côté de chez elle ou qu’elle s’occupe un peu seule. « J’ai pensé que, grâce au système de parrainage, ma fille pourrait s’ouvrir davantage sur le monde, voir que toutes les mamans ne sont pas malades et que les hommes peuvent être des pères aimants. Dans l’idéal, je voulais trouver un couple marié avec des enfants. » De son côté, Anne a découvert le principe du parrainage à peine un an plus tôt, en 2015, en lisant un article dans la presse locale. « À 40 ans, ma vie était déjà bien remplie, confie Anne. Mais je me suis dit qu’aider une enfant à grandir serait vraiment profitable pour tous. Non seulement, Kim, ma fille unique, pourrait découvrir à quel point elle vit dans un milieu protégé, mais cela lui apprendrai­t également à partager. De mon côté, je ressentais le besoin de faire un geste citoyen engagé. » Quand Anne parle de son projet à son mari, il adhère complèteme­nt. Anne suit alors une courte formation avec France Parrainage­s, durant laquelle elle rencontre différents intervenan­ts et apprend les tenants et les aboutissan­ts de son nouveau rôle.

La relation de confiance est primordial­e entre marraine et maman

Six mois plus tard, l’associatio­n la contacte pour lui décrire le profil de sa nouvelle protégée. « Bien sûr, j’ai tout de suite voulu la connaître », explique Anne. Les deux familles se rencontren­t pour la première fois autour d’un pique-nique organisé dans le cadre d’un festival du jeu et de la parentalit­é, fin mai 2016, et où l’associatio­n France Parrainage­s tient un kiosque. « Morgane est très ouverte, nous avons beaucoup discuté, explique Anne. Nos filles sont parties découvrir des animations, nous les avons suivies. Cela a été une journée très conviviale. » Quant à Morgane, elle n’a pas mis longtemps à découvrir qu’Anne, son

mari et leur fille Kim représenta­ient un modèle idéal sur lequel Gio pourrait s’appuyer pour grandir. Aussi, peu après, lorsqu’Anne l’appelle pour lui proposer d’emmener Gio à la mer, Morgane n’hésite pas une seconde. « Lorsque ma fille est rentrée le soir, j’ai bien vu à sa mine réjouie qu’elle avait passé un formidable moment ! Cela m’a rendue heureuse. » Depuis, Anne propose chaque mois des sorties à sa filleule : « À Noël, nous sommes allés à la fête foraine. Régulièrem­ent, je l’emmène à la plage ou au restaurant. Nous sommes également parties deux jours à Paris, au printemps. Pour Gio, c’était une première ! » À chaque fois, Anne donne le meilleur d’ellemême pour passer des moments de qualité avec sa protégée. « Je cherche des activités enrichissa­ntes. Je n’attends aucun remercieme­nt. Ma récompense, je l’ai quand je perçois des lueurs de bonheur dans ses yeux et cela n’a pas de prix. » Côté éducation, Anne reste très lucide : « En aucun cas, je ne me substitue à Morgane. Elle est la maman de Gio, je suis sa marraine. Parfois, quand je la prends, elle peut avoir des petits moments de tristesse, mais cela ne dure jamais longtemps. » Lorsqu’Anne ramène Gio chez sa maman après une sortie, Morgane reste très discrète. Jamais elle n’oserait lui poser des questions sur le déroulé détaillé de leur journée. Pour elle, c’est avant tout une question de confiance entre elle et Anne. « Je connais les grandes lignes de leurs rencontres, glisse-t-elle. Je vois le visage rayonnant de ma fille, cela me suffit. Le reste leur appartient. » Selon Morgane, sa fille se transforme peu à peu. « Ces moments lui offrent des bouffées d’oxygène et de nouveaux repères, c’est tout ce qui compte ! » conclut-elle.

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Morgane et sa fille Gio, au premier plan, avec Anne, sur la droite.

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