Maxi

« Même à 50 ans, la vie nous réserve de belles surprises ! »

Solange, en couple depuis trente-trois ans avec le père de ses trois enfants, a soudain osé regarder sa vie en face. Depuis, elle est métamorpho­sée. Remariée, elle vit heureuse dans une famille recomposée.

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C’était il y a tout juste quarante ans. Un amour de jeunesse, le tout premier. Un coup de foudre, un vrai, comme dans les contes de fées. Nous étions, à l’époque, toute une bande de copains du quartier de la Belle de Mai, où j’ai grandi, à Marseille. Lui, c’était le beau petit brun qui avait la « tchatche », comme on dit chez nous dans le Sud. Moi, j’étais à l’opposé de lui, timide et très réservée. Nous étions fous amoureux, j’avais 15 ans à peine, lui 17, et je voulais passer ma vie avec lui. Ce que j’ai fait durant les trente-trois années qui ont suivi… Lorsqu’à 16 ans je me suis retrouvée enceinte de notre premier enfant, nous nous sommes aussitôt mariés. C’était une époque où la vie de couple et de mère pouvait commencer bien plus jeune qu’aujourd’hui. Très vite, nous avons joué « aux grands », alors que nous n’étions encore que des gamins. André travaillai­t la journée, il était coursier. Moi, j’élevais notre fille. Nous vivions dans un petit appartemen­t. Seulement voilà, j’avais un jeune mari très volage. La première fois que je l’ai appris, je n’ai pas pardonné. J’ai demandé le divorce trois ans après notre mariage. J’avais tout juste 19 ans. Nous avons divorcé, en effet, mais l’amour était plus fort: impossible de nous séparer. Il est revenu, et nous avons vécu à nouveau ensemble sans jamais nous remarier. Mais je voulais une famille unie. Lorsque notre seconde fille est arrivée, tout s’est bien passé. Puis nous avons connu de nouveau une période de crise, des hauts, des bas, sans arrêt… Les années passaient, les filles grandissai­ent et j’ai eu envie d’un petit troisième. C’est un fils, cette fois, que nous avons eu pour notre plus grand bonheur. À 32 ans, j’avais déjà « bien vécu ». Et c’est à ce moment précis que mon mari m’a laissée seule pour « vivre sa vie » durant quelques mois ! Je l’aimais tellement que j’ai assumé et qu’à son retour, je l’ai accueilli. Mais différemme­nt, car même si je n’en avais pas encore pleinement conscience, quelque chose s’était brisé. Affairée à travailler et à élever les enfants, je n’ai pas vu les années passer et je ne me suis pas véritablem­ent demandé si j’étais heureuse ou non. Ce n’est que lorsque notre fille aînée a quitté le bercail à 22 ans, suivie un peu plus tard par notre cadette, que la question a commencé à m’effleurer l’esprit. Mon mari était là sans l’être, une distance s’installait. J’étais seule avec mon fils et je sentais le tournant de la quarantain­e peser sur moi, autant que les 10 kilos que j’ai pris à cette période ! Et puis, il y avait cette petite voix intérieure qui me disait à chaque fois que j’étais seule face à lui : « Mais qu’est ce que tu fais là, Solange ? » Il fallait se rendre à l’évidence, nous n’avions plus les mêmes envies, la passion s’était éteinte, je m’ennuyais. Brusquemen­t, André a décidé de changer de maison. Et c’est là que tout s’est enclenché. Ce déménageme­nt a remué des choses dans

Avec François, l’homme de ma seconde vie, plus de conflits, tout est clair !

ma tête. J’ai commencé à me dire qu’il était temps de partir ; je ne pouvais pas rester là sans m’épanouir. Une autre vie m’attendait sûrement quelque part. J’étais autonome financière­ment et j’avais la stabilité de l’emploi. J’ai cherché un studio et j’ai contracté un prêt à la banque, puis je me suis lancée. J’ai quitté André après 33 ans de vie commune pour me retrouver dans un petit meublé, dans les quartiers populaires de Marseille. Je n’avais jamais vécu seule ! J’ai pleuré un mois durant sans m’arrêter, avec la peur d’avoir fait la bêtise de ma vie. J’avais 49 ans, je me sentais perdue. Et puis, des copines de boulot m’ont inscrite à un club de loisirs pour ne pas rester coupée du monde. Je me souviendra­i toujours de ce moment où, pour la première fois à 50 ans, je me suis sentie libre et insouciant­e. Désemparé, André est venu vers moi pour me redemander en mariage. Je lui ai répondu : « Non. C’est fini. Je vais vivre une nouvelle vie ! » C’est ce que j’ai fait, sans trop savoir où j’allais. J’ai découvert le célibat, je me suis inscrite sur un site de rencontres, j’ai eu quelques aventures sans importance et puis, au bout d’un an, j’ai rencontré François. J’ai tout de suite su que c’était lui, l’homme de ma seconde vie ! Avec François, j’ai appris à ne plus vivre dans les conflits, tout était calme, simple et clair. Seulement huit mois après notre rencontre, nous vivions ensemble, à Aubagne. Les

enfants, les siens comme les miens, nous voyaient heureux et amoureux comme des tourtereau­x démarrant une nouvelle vie à 50 ans. Avec François, je suis devenue une autre tout en restant moi-même. Je suis plus affirmée, je m’exprime davantage. Je fais des choses que je n’aurais jamais imaginées. Il n’y a pas d’âge pour se lancer. J’ai même appris à faire du vélo ! Ceux qui m’ont connue dans ma vie d’avant me disent que je suis métamorpho­sée. Pourtant, il n’y a pas de miracles, je me sens bien, à ma place. Voilà tout ! À croire que le bonheur est contagieux : aujourd’hui, nous avons une belle famille recomposée de six enfants et trois petits-enfants. Nous nous sommes mariés en mars dernier et, aussi incroyable que cela paraisse, nos enfants respectifs, mon fils et la fille de François, vivent ensemble une grande histoire d’amour depuis deux ans ! La vie nous réserve de belles surprises, oui, mais à condition d’oser et de saisir notre bonheur à brasle-corps. Solange

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