Des séjours tests avant de sauter le pas
Avant de boucler définitivement sa valise, mieux vaut tout de même s'assurer que l'endroit paradisiaque où l'on songe s'établir n'a pas une face cachée : « J'envisage d'aller m'installer en Grèce avec une amie, célibataire et retraitée comme moi, explique Claude, 68 ans, infirmière à la retraite. Pour voir si cette vie me conviendrait, si j'arrive à tisser des liens et, surtout, si la France et ma famille ne me manquent pas trop, je vais rester deux mois dans une pension, dans un village grec. » C'est effectivement l'une des premières choses à faire avant de décider quoi que ce soit : séjourner longuement dans le pays, la région, idéalement la ville où l'on souhaite s'installer, histoire d'en voir les différentes facettes tout au long de l'année. Car on peut adorer un endroit lors de la saison touristique, par exemple, mais le trouver beaucoup trop calme lorsqu'il se vide de ses touristes et que boutiques et restaurants ferment leurs portes. Ces quelques mois à l'essai permettent aussi de voir quel genre d'activités on peut pratiquer pour rencontrer du monde et se créer un cercle d'amis avec lesquels avoir une vie sociale riche et intéressante. Comme on peut voir si, malgré l'éventuel barrage de la langue, on parvient à communiquer comme on le souhaite, apprendre au moins les rudiments. Généralement, les retraités expa- triés ont tendance à se regrouper dans les mêmes quartiers, ce qui peut aussi faciliter les rencontres. « En tout cas, il ne faut pas partir exclusivement pour des raisons économiques, car on risque de se sentir vite isolé, loin de sa famille et de son cadre de vie habituel », prévient Paul Delahoutre, auteur du guide Retraite sans frontières (éd. DL books).
Un projet qui doit être partagé par le couple
Et si l’on part en couple, le projet de départ doit être vraiment partagé. En effet, ce changement de vie est beaucoup trop radical pour que l'un des conjoints s'y plie uniquement pour faire plaisir à l'autre : il risque de ne pas se sentir bien, voire de vouloir rentrer, ce qui peut alors être source de conflit conjugal. « On ne pourra pas non plus faire l'économie d'une discussion avec le reste de la famille », prévient Valérie Schlegel, coach de vie. Même s'il ne s'agit pas de demander l'autorisation à ses enfants, il est important de leur en parler : « À une époque où l'on attend souvent beaucoup des grands-parents, ce type de projet peut être perçu par les enfants comme un abandon, explique Valérie Schlegel. Mieux vaut donc les préparer à l'éventualité de ce départ en commençant à en parler rapidement. » Dites combien cela vous plairait de partir vivre au soleil, que vous y auriez la vie plus agréable qu'ici, que cela ferait un point de chute pour tous au moment des vacances… Autrement dit, montrez les avantages de ce déménagement pour vous et les vôtres. « Comme je vois surtout mes petits-enfants pendant les vacances scolaires, je me dis que mon départ en Grèce ne changerait finalement pas grandchose », explique Claude, qui a bien réfléchi à la question. « Je pourrais les inviter à l'étranger, ce qui nous créera de nouveaux souvenirs formidables… » Toutefois, si vous le pouvez, préservez un petit pied-à-terre en France, histoire de pouvoir revenir quand vous le désirez et y rester le temps que vous souhaitez sans être obligé de vivre chez vos enfants ou chez des amis où, fatalement, au bout d'un moment, vous risquez de vous sentir un peu à l'étroit… et eux aussi !