Maxi

Elle accueille des élèves du monde entier

« Mon bonheur, c’est d’avoir une maison pleine d’enfants »

- Séverine

Notre grande soeur arrive ! » Pour nos deux fils, Mathis, 9 ans, et Valentin, 12 ans, l’arrivée de Salma, juste avant la rentrée des classes, était un événement, comme pour mon mari Stéphane et moi aussi d’ailleurs ! Cette jeune fille de 16 ans, américano-mexicaine, allait vivre sous notre toit pendant dix mois et nous ne l’avions jamais vue que par Skype, Facebook et tous moyens de liaisons gratuits possibles avec sa petite ville du Mexique. Par photos, nous connaissio­ns sa famille et elle la nôtre. Elle avait vu sa chambre, le jardin, et elle avait posé toutes les questions possibles, mais rien ne remplace la réalité ! Et si nos enfants étaient si impatients, c’est qu’elle était tout de même la trente-huitième lycéenne étrangère à venir habiter chez nous, même si cela n’avait jamais été pour aussi longtemps. Ils sont si fiers que notre pavillon, dans un village du nord de la France, soit habité par des Canadiens, des Anglais, des Belges, des Australien­s ou des Hollandais, et que toute l’école soit en général au courant ! Bien avant de rencontrer mon mari, vers l’âge de 12 ans, j’avais partagé ma chambre à chaque période de vacances avec une petite rescapée de Tchernobyl, Maria, qui avait 7 ans. Ma soeur et moi on se battait pour l’avoir dans notre chambre. Je me suis alors juré : « Quand je serai grande, je ferai pareil ! » Mais pour accueillir des jeunes, il fallait être marié et avoir une maison. À 25 ans, c’était fait et Stéphane était tout à fait d’accord. Au point qu’avant même d’avoir nos propres enfants, nous avons accueilli Evguenia, une petite Ukrainienn­e âgée de 6 ans à l’époque. Depuis, elle n’a jamais cessé de venir à la maison et ne manque jamais de nous envoyer des photos des grands moments de sa vie. Grâce aux réseaux sociaux, on ne perd jamais le contact avec nos jeunes des quatre coins du monde. L’enrichisse­ment culturel et humain est devenu pour toute la famille irremplaça­ble, et il n’est pas du tout financier, bien au contraire : l’accueil est bénévole ! Mais que représente une bouche à nourrir à côté de la chaleur humaine ? Les enfants qui viennent n’ont aucun problème particulie­r, ni social ni psychologi­que, juste des parents qui souhaitent qu’ils voient autre chose, apprennent une autre langue, découvrent une autre culture. Ils sont scolarisés dans la classe du coin qui correspond à leur niveau et ils apprennent ainsi à parler français avec une facilité déconcerta­nte. Comme on parle mal anglais et que les cours sont en français, ils n’ont guère le choix. Mes enfants, eux, manient les langues étrangères depuis leur plus jeune âge. Valentin, avec derrière lui un an d’anglais en sixième et débutant en espagnol, profite aujourd’hui de la présence de Salma pour les deux langues.

Pour moi, la vie c’est tout ça : des cris, des rires et des cavalcades

À chaque venue d’un jeune, on multiplie les activités : visiter Lille, aller voir un film en français, faire du Starship Laser, un jeu avec des rayons laser, ou des promenades. Longtemps, on n’a pris que des garçons avec des âges compatible­s. Mais on a pu constater que le courant passait aussi bien avec les autres. Il faut dire que cette expérience en a fait des enfants très ouverts, partageurs, qui n’ont pas peur des autres. À l’école, ils font des exposés sur ce qu’ils apprennent au contact de nos pensionnai­res : comment on mange dans tel pays,

les paysages qu’on y trouve, les traditions et habitudes quotidienn­es… Leurs camarades les envient d’avoir le monde entier à portée de main. Comptables tous les deux à l’origine, Stéphane et moi avons pu acheter un pavillon avec un jardin et six chambres. Il y en a une pour nous, une pour chacun de nos fils, une pour les pensionnai­res… et l’une restait bêtement vide. C’est pour cette raison que j’ai dit un jour à mon mari : « Et si je devenais assistante maternelle, histoire que la dernière chambre serve à la sieste ? » Il a dit « banco » ! On est sur la même longueur d’ondes. Il le faut bien puisque, lorsqu’il rentre du travail, il n’est pas rare qu’il me trouve encore avec l’un des petits que je garde. C’est alors lui qui prend en charge la cuisine, avec au programme lasagnes, couscous, tartiflett­e et légumes… des plats variés, français et sans frontières. On évite ce qui peut fâcher, comme la cervelle de mouton ! Après le repas pris tous ensemble, il me reste à faire la lessive, le ménage, le rangement et les papiers, mais je n’en souffre pas. Pour moi, la vie, c’est ça : des pleurs, des rires, des jouets en travers du salon, des cris et des cavalcades. Nos amis sont habitués. Lorsqu’ils nous invitent, ils nous demandent : « Vous serez combien cette fois ? » Cet été, pendant les vacances, nos enfants sont partis un mois avec leur mamie, les toutpetits que je garde n’étaient pas là et nous n’avions pas de pensionnai­re. Un soir de calme, assis sur nos fauteuils dans le jardin, on s’est regardés après une longue plage de silence et on s’est dit : « C’est tranquille… » Avant d’ajouter : « Comme c’est triste ! » On n’avait qu’une hâte : retrouver le chahut !

 ??  ?? Valentin, son père Stéphane, Salma, leur jeune hôte américano-mexicaine, Séverine et Mathis se régalent d’un bon repas de crêpes.
Valentin, son père Stéphane, Salma, leur jeune hôte américano-mexicaine, Séverine et Mathis se régalent d’un bon repas de crêpes.

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