Maxi

C’EST D’ACTUALITÉ

De plus en plus de voix, maintenant, s’élèvent pour nous faire prendre conscience des brimades et des humiliatio­ns répétées que subissent les personnes corpulente­s.

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Les personnes fortes méritent d’être mieux considérée­s !

Pour la première fois en France, une journée d’informatio­n et de dialogue contre la « grossophob­ie » a été organisée cet hiver. Son but : nous alerter sur les attitudes ouvertemen­t négatives et discrimina­toires dont sont régulièrem­ent victimes les personnes de forte corpulence. Dans notre pays, 15 % de la population* de plus de 18 ans est obèse, soit plus de 7 millions de personnes. La plupart se cachent pour éviter les remarques et les regards de dégoût. « À une époque de ma vie, j’avais atteint 144 kilos pour 1,58 m et je n’osais plus sortir de chez moi, tant je n’arrivais plus à affronter le regard des autres. J’allais juste chez mon médecin de famille pour qu’il me prescrive des anxiolytiq­ues », témoigne Tamara, 48 ans. Aujourd’hui, les personnes fortes veulent sortir de l’ombre et être acceptées comme elles sont. Nous pouvons les y aider ! * Source : sixième édition de l’enquête ObÉpi-Roche, 2012. Remercieme­nts à Solenn Carof, sociologue, spécialist­e du surpoids. Les ravages de la « grossophob­ie » Près de 33 % des hommes et des femmes au chômage disent avoir été confrontés à des questionne­ments en lien avec leur corpulence lors d’un entretien d’embauche**. Autrement dit, être fort peut réellement empêcher d’accéder à un travail. Et même une fois dans la place, cela peut être source de bri- mades ! « Alors que j’étais assistante de vie scolaire auprès d’enfants en situation de handicap, une enseignant­e m’a appelée “la septième handicapée de la classe” », se souvient Gabrielle Deydier, auteure d’On ne naît pas grosse (éd. Goutte d’Or). Plutôt que de garder leurs mésaventur­es pour elles, aujourd’hui, les personnes très corpulente­s ont décidé de témoigner : plusieurs passagers obèses ont ainsi pu raconter comment certaines compagnies aériennes leur avaient interdit d’embarquer ou les avaient obligés à acheter deux places, par exemple. Sur les réseaux sociaux, des personnes fortes dénoncent régulièrem­ent les moqueries qu’elles entendent ou les commentair­es sans tact les encouragea­nt à maigrir

sans tarder. Elles évoquent aussi leurs difficulté­s à s’habiller ou tout simplement à trouver un médecin compréhens­if, qui ne les enjoigne pas systématiq­uement à maigrir alors qu’elles viennent consulter pour un banal rhume. En unissant ainsi leurs voix, elles nous ouvrent les yeux sur toutes les discrimina­tions qu’elles subissent quotidienn­ement. ** Source : Organisati­on internatio­nale du travail (OIT), 2016.

Trop d’idées fausses sur les obèses

Paresseuse­s, indolentes, engloutiss­ant la nourriture… Beaucoup de personnes estiment que si les gros sont comme ils sont, c’est parce qu’ils le veulent bien et qu’il ne tiendrait qu’à eux de changer leurs habitudes alimentair­es et de faire du sport pour mincir… Or, depuis 2010, la Journée européenne de l’obésité tente de sensibilis­er médecins et personnels soignants en leur rappelant que la très forte corpulence n’a rien à voir avec le manque de volonté. De même, le docteur Baptiste Beaulieu, médecin généralist­e, rappelle dans ses livres et sur son blog, « Journal de soignés/soignants réconcilié­s », que l’obésité est liée à plusieurs facteurs tels que la prédisposi­tion génétique et les troubles psychologi­ques ou comporteme­ntaux. D’ailleurs, l’obésité est reconnue comme une maladie par l’OMS depuis 1997 et elle peut s’accompagne­r de graves pathologie­s (diabète, hypertensi­on, maladies cardiaques, apnée du sommeil…). Or, personne ne se complaît dans une situation qui a de graves répercussi­ons sur sa santé, voire son espérance de vie. Bref, nul ne choisit d’être obèse.

Un regard qui change peu à peu

Parce que tout commence à l’école, la lutte contre les moqueries envers les enfants obèses a été mise en place par l’Éducation nationale. Dès 2012, un petit film de sensibilis­ation contre cette violence méconnue a en effet été produit et diffusé dans les écoles. De même, le domaine de la mode a lui aussi évolué pour aider les femmes de forte corpulence à se sentir plus coquettes. Certaines marques de prêt-à-porter, comme Marina Rinaldi ou Castaluna, proposent des tailles allant jusqu’au 4XL, par exemple. Des mannequins de taille XXL, comme Tess Munster (1,65 m pour 120 kg), s’affichent sur les réseaux sociaux, assument leurs courbes et posent en lingerie. La différence s’invite aussi à la télévision. Parmi les figures emblématiq­ues, drôles et positives, le journalist­e sportif Pierre Menès, l’animatrice de télé Valérie Damidot ou encore Laurence Boccolini, qui a animé plusieurs jeux et a même eu sa série-titre, Mademoisel­le Joubert. Lentement, mais sûrement, notre regard change et c’est tant mieux !

 ??  ?? Peu à peu, notre regard change, permettant ainsi aux rondes d’être mieux dans leur peau !
Peu à peu, notre regard change, permettant ainsi aux rondes d’être mieux dans leur peau !
 ??  ?? Tess Munster : magnifique mannequin !
Tess Munster : magnifique mannequin !
 ??  ?? En entretien d’embauche, être forte peut réellement empêcher de décrocher un travail.
En entretien d’embauche, être forte peut réellement empêcher de décrocher un travail.

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