˝ Je ne porte plus tout toute seule ˝
Christine, 46 ans
Penser à faire ceci, cela… J’ai passé toute ma vie à élaborer dans ma tête des listes de choses à faire. Et puis, il y a deux ans, j’ai eu un accident de voiture qui m’a contrainte à rester immobilisée deux mois. Comment allaient faire mon mari et nos ados sans moi ? J’étais comme un animal en cage, l’infirmière qui me soignait me répétait qu’ils se débrouilleraient sans moi et que ça allait changer ma vie. Je ne la croyais pas. Et pourtant, c’est bien ce qui s’est passé : la maison tournait sans ma présence, et plutôt bien. Au début, cela m’a un peu blessée – je n’étais donc pas aussi indispensable que je le croyais ! –, puis cela m’a soulagée. Pour la première fois, je vivais sans pression intérieure ; je n’avais qu’à penser à ma petite personne. De retour à la maison, je me suis coulée dans ce nouveau fonctionnement collectif. Et j’en ai fait de même au travail. Chacun son champ d’intervention, chacun son rythme. Et ma vie a changé, c’est aussi simple et aussi extraordinaire que ça !
L’avis du psy
En déléguant, par la force des choses, Christine a allégé son fardeau quotidien et sa charge mentale, mais elle a aussi compris que nous construisons nousmême notre prison intérieure. En voulant être indispensable, elle s’est enfermée dans un schéma épuisant physiquement et psychiquement. Son immobilisation a permis une recomposition des rôles autour d’elle, ce qui l’a finalement libérée.