Maxi

Témoignage : une double vie pas banale !

« Assistante maternelle, j’écris des romans érotiques le soir »

- Sandrine * Infos sur sandrinepe­rigois.fr.

Mon enthousias­me pour les mots, apparemmen­t, est communicat­if. Récemment, mon fils de 8 ans m’a confié qu’il rêvait de devenir écrivain. Rien ne pouvait me faire plus plaisir ! Il adore raconter des histoires et je m’en réjouis. Il a un carnet qu’il noircit tous les jours. Il tient aussi un journal intime et a participé à son premier concours littéraire. S’il veut persévérer, je ne le décourager­ai pas. Pour l’instant, il veut faire comme maman, même s’il ne sait pas encore exactement ce que j’écris… Les initiés, eux, savent que j’ai plusieurs vies. J’ai un métier classique et une autre occupation un peu moins banale. Au collège, quand on me demandait quel métier je voulais faire plus tard, je répondais déjà « écrivain ». J’ai toujours aimé écrire. J’avais deux soeurs plus âgées que moi, assez peu d’amis et je m’enfermais volontiers avec des livres. Je n’aimais pas trop les jeux des enfants de mon âge et c’était ma façon à moi de m’évader. Je passais des heures à lire des ouvrages de la comtesse de Ségur et je voulais à mon tour inventer mes propres histoires. Je me souviens, qu’un jour, j’ai même écrit un roman policier, en cachette, sur le premier ordinateur familial. Mes parents ont effacé le fichier sans le faire exprès et j’ai été désespérée ! Heureuseme­nt, j’avais encore d’autres histoires à écrire. Je rêvais de vivre un jour de ma plume. Même si beaucoup d’enseignant­s ne me prenaient pas au sérieux, j’ai croisé, par chance, la route d’un professeur de français, qui m’a dit un jour. « Quand on a la plume qui nous démange à ce point, c’est qu’on est déjà écrivain ! » Je ne l’ai jamais oublié. Ce n’était peut-être pas un vrai métier mais, au moins, une passion qui m’animait et que je devais garder. Je ne savais pas danser, chanter ou peindre, mais j’avais trouvé quelque chose que j’aimais et c’était précieux. J’ai toujours eu de bonnes notes en français mais, malheureus­ement, les autres matières m’intéressai­ent moins. Plutôt que de passer mon bac, j’ai opté pour un BEP et un CAP Petite Enfance pour pouvoir entrer au plus vite dans la vie active. J’ai fini par m’installer comme assistante maternelle chez moi, sans pour autant renoncer à l’écriture. Ma vie a pris un nouveau tournant après mon divorce, quand je me suis lancée dans la littératur­e érotique. Personnell­ement, je me suis un peu révélée à moi-même, j’ai voulu me sentir plus femme, écouter davantage mes désirs et j’ai voulu traduire cette sensualité retrouvée dans mes écrits. J’ai commencé à mener une double vie. Le jour, je m’occupais des enfants et, le soir, je poursuivai­s mes histoires coquines. Mon premier livre, La Part de l’Ange, raconte l’histoire de Mya, une femme qui passe à côté de sa vie jusqu’à sa rencontre avec un homme qui l’aide à assouvir ses fantasmes et l’initie au monde inconnu du libertinag­e. C’est un ami, auteur, qui m’a proposé de présenter mon manuscrit à un éditeur, qui l’a immédiatem­ent accepté. Je crois que ce fut l’un des plus beaux jours de ma vie. Quand j’ai eu le livre entre les mains, j’ai pleuré. J’en suis tellement fière qu’il n’était pas question de le signer d’un pseudonyme. J’ai aussi mon propre site Internet à mon nom*. Les parents des enfants que je garde sont au courant de ma double activité. J’en parle naturellem­ent et, jusqu’à présent, cela n’a jamais gêné personne. J’ai même dédicacé mon livre à certains parents en signant « la nounou ». J’ai une double vie qui peut surprendre. Pourtant, pour moi, tout cela fait partie de ce que je suis et participe à mon équilibre. Peu à peu, je suis en train de devenir un auteur à part entière. Mon troisième livre, qui sortira en fin d’année, est un thriller érotique où j’aborde le syndrome de Stockholm. C’est un huis clos sensuel et psychologi­que que mes lecteurs attendent avec impatience. Je

Que ma double vie surprenne, je le comprends, mais j’y trouve un équilibre

l’ai beaucoup écrit le week-end et, en semaine, quand les enfants dormaient. Il m’a demandé aussi quelques nuits blanches. Cette double vie est un peu fatigante et, un jour, idéalement, j’aimerais être écrivain à plein temps. J’envisage sérieuseme­nt de prendre un an pour moi, pour écrire. Je n’ai pas mon bac et le moment est peut-être venu de reprendre mes études. Ma famille me soutient dans cette démarche et mon compagnon m’encourage. Mes soeurs et ma mère m’ont lue avec plaisir. Quant à mon père, il est très fier de moi mais reconnaît qu’il n’ose pas encore lire ce que j’écris. Je le comprends. Après tout, je reste encore un peu sa petite fille, et même si ce que j’écris n’est pas autobiogra­phique, je comprends qu’il demeure encore un peu pudique sur certains sujets. Si, un jour, je publie un livre un peu plus « sage », je suis sûre qu’il me lira ! Je ne manque pas d’inspiratio­n et me suis déjà attelée à mon quatrième roman. Être publiée m’a donné des ailes : j’ai l’impression que tout est possible, dans la vie, à condition d’essayer et d’y croire. En attendant, chez moi, dans la bibliothèq­ue, il y a des livres que les enfants n’ont pas le droit de lire. Mes garçons sont encore petits et savent que certains ouvrages ne sont pas de leur âge. Ils savent également que c’est maman qui les a écrits. Je ne leur cache rien, mais je leur explique avec des mots qu’ils peuvent comprendre. Je leur ai dit que ce sont des histoires de câlins, mais « pour les grands ». Et que, s’ils le veulent, ils pourront les lire un jour… mais plus tard.

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