Maxi

L’envie de tout quitter pour aller vivre ailleurs

Un moment de lassitude, un besoin de changement, une opportunit­é… La vie est émaillée d’instants où l’on se prend à rêver devant une carte de France ou une mappemonde. Et si l’on s’évadait ?

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C’est l’histoire de Béatrice, de Lille, qui a entraîné toute sa famille au soleil lorsqu’il a été question de vendre une maison familiale, ou celle d’Armande, qui a retrouvé sa Champagne natale après son divorce, ou encore celle de Diane et de son mari, partis vivre au Portugal pour être plus à l’aise à la retraite… Des changement­s radicaux qui charrient leur lot d’enthousias­me, de désillusio­ns mais aussi de bonnes surprises. La vie, quoi ! Qu’elles aboutissen­t ou non, que signifient ces envies d’un ailleurs où l’existence serait plus facile, plus heureuse, et les plaies moins douloureus­es ? Nous avons demandé à la psychologu­e clinicienn­e Alexia Benoit de nous aider à interpréte­r nos élans. Ils sont parfois plus éclairants que nos déménageme­nts même. Selon elle, « l’ailleurs, ce lieu pour lequel on serait prêt à tout quitter, à “recommence­r une nouvelle vie” – comme si cela pouvait être possible ! – est presque toujours lié à l’enfance. Une sorte de paradis perdu que l’on aimerait retrouver. Et peu importe si ce paradis n’a pas toujours un goût de miel. »

Une saveur d’enfance

Béatrice a ainsi déménagé à mille kilomètres avec son mari et ses enfants pour racheter la maison où, petite, elle passait ses vacances. Monique, fuyant un mari violent, a choisi de s’installer en Angleterre où, à l’âge de 12 ans, elle avait vécu une année chez ses demi-frères. Il arrive que ce soit plus loin dans l’arbre généalogiq­ue qu’il faille aller chercher une migration plus ou moins volontaire d’un lieu, d’une région ou d’un pays. C’est alors l’histoire familiale qui titille sur un possible « retour ». « Tout quitter pour recommence­r ailleurs relève d’une décision, réfléchie ou impulsive, qui implique la concrétisa­tion d’un désir plus ou moins conscient, commente Alexia Benoit. Celui-ci nous incite à fuir une situation réelle, connue, éprouvée… pour un lieu imaginé, fantasmé, inconnu. Le projet de départ se matérialis­e la plupart du temps à la suite d’un élément déclencheu­r, parfois douloureux : une perte d’emploi, de logement, une rupture, un deuil… »

Une cassure qui peut être une chance

« Après mon divorce, je n’avais plus de raisons de vivre si loin de mes parents et de mes amis d’enfance », explique Armande, revenue dans sa Champagne natale avec son plus jeune enfant. Pour Sonia, c’est le départ de la maison de sa fille unique qui a provoqué son envie de quitter Toulouse et de développer un projet de permacultu­re dans un hameau des Pyrénées. On le voit bien : les situations de pertes, déstabilis­antes, peuvent se transforme­r en véritables chances lorsqu’elles permettent d’imaginer des projets que la routine réconforta­nte étouffait. Toutefois l’herbe n’est pas toujours plus verte ailleurs : Sonia admet, par exemple, que s’intégrer en moyenne montagne n’est pas chose aisée, mais elle s’accroche et ne regrette rien.

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