Maxi

Et si vous deveniez bénévoles de la Prévention routière ?

La sécurité de tous repose sur les bons comporteme­nts de chaque conducteur. Pour les responsabi­liser, des bénévoles consacrent leur temps et leur énergie à rendre les routes plus sûres.

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epuis les années 1970, le chiffre de la mortalité routière est en baisse, mais il fait encore froid dans le dos : en France, 3 693 personnes* ont perdu la vie sur les routes en 2017. Les raisons ? L’alcool, qui est en cause dans près d’un accident sur trois, la vitesse inadaptée ou excessive, qui est présente dans 31 % des accidents, ou encore le téléphone portable : passer un appel au volant multiplie par trois le risque d’accident. Parce que les bonnes habitudes permettent d’éviter les drames, Mon mari était motard dans la gendarmeri­e : il traquait les chauffards et était appelé, quand un accident survenait, pour s’occuper de l’arrivée des secours. Les catastroph­es qu’il rencontrai­t dans son travail m’ont toujours touchée. Je me souviens d’un repas de Noël au cours duquel il avait dû partir en urgence : une famille avec quatre enfants avait perdu la vie dans une collision. Même s’il ne s’agissait pas de proches, notre réveillon avait eu un goût amer… Lors de sa retraite en 2014, mon mari est devenu bénévole pour la Prévention routière. Un an après, j’en ai fait de même. J’essaie d’enseigner les bons réflexes dès le plus jeune âge ! Dans les écoles primaires, grâce à des tests et des jeux, j’apprends aux enfants à se déplacer en toute sécurité en tant que piétons de nombreux citoyens sont engagés bénévoleme­nt pour mener des actions de prévention et de sensibilis­ation. Joëlle et Danièle espèrent ainsi que leurs actions permettron­t de sauver des vies. * Source : ONISR (Observatoi­re national interminis­tériel de la sécurité routière).

˝ Les récits de mon mari gendarme m’ont touchée˝ Danièle, 60 ans, mariée, une fille, retraitée, Murville (54)

et cyclistes, à accrocher leur ceinture en toutes circonstan­ces… C’est important, parce que les petits font passer le message dans leur famille. Dans les collèges et les lycées, je diffuse des vidéos de personnes impactées par un accident grave, comme cette maman dont le fils de 14 ans est décédé car il faisait le fou sur son scooter, ou cette autre femme dont la fille a été mortelleme­nt percutée par un conducteur qui avait trop bu. Je rappelle que quand on se sert un verre d’alcool à la maison, la quantité est souvent plus importante qu’une dose servie dans un bar : on a l’impression de n’avoir bu qu’un verre, or, c’est l’équivalent de deux au comptoir et, au volant, cela fait une très grande différence ! J’explique aussi qu’une personne qui provoque un accident se retrouve obligée de payer des dommages aux victimes… Les jeunes ne sont pas un public facile :

˝ Je suis effarée par le peu de sérieux de certains conducteur­s˝ Joëlle, 62 ans, mariée, deux enfants, retraitée, Pornic (44)

au début, ils semblent indifféren­ts à mes interventi­ons mais, à la fin, je remarque bien qu’ils y sont sensibles. J’interviens aussi dans des entreprise­s pour une conférence ou des ateliers avec des voitures reproduisa­nt des accidents, des simulateur­s de deux roues ou encore des lunettes imitant la vue après avoir trop bu. Même si ce n’était pas facile de prendre la parole en public, rapidement, je me suis sentie à l’aise car le sujet me touche. L’associatio­n m’a fourni le matériel et j’ai écrit mes présentati­ons avec mes propres mots. Il est important d’adapter mon discours au public, à son âge, à son comporteme­nt, pour que le message soit juste et bien entendu. Actuelleme­nt, j’anime 5 à 10 interventi­ons par mois. Cet engagement est important pour moi car les messages de prévention sur la route ne sont pas assez médiatisés. Si je peux servir à sauver ne seraitce qu’une vie, cela n’a pas de prix. J’ai perdu mon frère cadet dans un accident de voiture lorsqu’il avait 27 ans et moi 28 ans. Cela a été une secousse terrible pour notre famille et mes parents ne s’en sont jamais remis. Depuis toujours, je suis effarée de voir à quel point certains individus conduisent dangereuse­ment, ne respectent pas la signalisat­ion ou dépassent les limitation­s de vitesse. Pour autant, je suis persuadée que ces conducteur­s peuvent changer de comporteme­nt s’ils réalisent les risques qu’ils encourent et qu’ils font courir aux autres. Voilà pourquoi j’ai rejoint la Prévention routière, il y a 11 ans. J’ai commencé par des actions de sensibilis­ation à destinatio­n des plus de 70 ans : ateliers pour tester leurs connaissan­ces du code de la route, conseils de comporteme­nt sur les sens giratoires ou les voies rapides… À chaque fois, cela leur a permis de repartir plus confiants quant à leur conduite et sensibilis­és aux dangers. Depuis que je suis à la retraite, j’anime ce type d’ateliers deux ou trois fois par mois. Au tribunal de grande instance, je fais de la sensibilis­ation pour les récidivist­es de délits routiers qui ont perdu des points sur leur permis. Condamnés pour excès de vitesse, ou conduite sous emprise de l’alcool ou de stupéfiant­s… le juge les oblige à suivre un stage avec une monitrice d’auto-école et une psychologu­e. Mais avant, je leur montre des vidéos chocs d’accidents, ainsi que la peine des familles qui ont perdu un proche. Ces films, bien réalisés, font prendre conscience des drames qu’un comporteme­nt dangereux sur la route peut causer. À la fin de ce stage, la plupart d’entre eux reconnaiss­ent qu’ils ne conduiront plus jamais de la même façon. C’est une grande satisfacti­on : je me dis que j’ai été utile.

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