Maxi

“Le lendemain de la parution de l’article, j’avais des appels !”

Quand une ancienne victime donne de l’espoir

- Clémence * Voir « Putain de guerrières » sur le réseau Facebook.

Soutenir à mon tour d’autres victimes est la meilleure des thérapies

Après cinq ans de violences conjugales, Clémence s’est sauvée. Mais elle ne veut rien oublier. Aujourd’hui, elle se sert de son histoire pour aider les autres.

Ne jamais regretter de témoigner de ces choses-là ! Six mois après que j’ai parlé, ma jeune associatio­n* commence à devenir grande ! Nous avons déjà plus de 40 adhérentes, et ce n’est pas fini… Dès le lendemain de la parution de mon histoire dans Maxi, j’ai reçu trois appels à l’aide, dont deux de femmes que nous suivons encore. Je sais d’expérience que toutes les histoires sont différente­s. Mais, généraleme­nt, elles sont dures et compliquée­s. Une femme qui nous a appelées avait trouvé la force de partir, un jour, dans l’urgence, mais sans avoir le temps de prendre ses enfants avec elle. C’est déchirant quand cela arrive. Nous l’avons accompagné­e dans ses démarches au tribunal, elle va avoir gain de cause et elle devrait les retrouver dans dix jours. Une de plus qui va s’en sortir ! C’est un sentiment étrange mais, quand cela arrive, je me dis que je n’ai pas souffert pour rien…

Comme je l’avais précisé dans mon premier témoignage dans Maxi, pour moi, cela a duré cinq ans.

J’ai rencontré un homme alors que j’étais mère célibatair­e. Il m’a semblé char- mant et a facilement tissé sa toile. Il a emménagé chez nous et s’est vite mis à manifester une jalousie excessive. À tort, j’ai essayé de le comprendre et, peu à peu, je me suis retrouvée sous son emprise. Je me suis laissée convaincre d’agrandir la famille et le piège s’est refermé. Dès que j’ai été enceinte, il a commencé à me dénigrer. Je n’ai rien osé dire pour ne pas ternir l’image du père de mon bébé à naître, ni briser notre future famille. Je pensais pouvoir le changer, en vain. Au contraire, quand notre fils est né, il avait une arme supplément­aire contre moi. Les choses étaient claires : si jamais je songeais à le quitter, il me prendrait mon bébé ! J’étais sa prisonnièr­e. Il a commencé à être violent, y compris devant les enfants. J’ai reçu des coups de barre de fer sur les chevilles, alors que j’avais mes deux garçons dans les bras. Il fermait les portes à clef et me confisquai­t ma carte bleue. Jusqu’au jour où il y a eu la dispute de trop : il m’avait assommée, ce sont les cris des petits qui m’ont réveillée ! Je suis restée calme et j’ai saisi ma chance. Il est sorti quelques minutes. J’ai juste eu le temps d’appeler les gendarmes et d’envoyer un message à quatre amies. Pendant un mois, je me suis cachée avec les enfants, le temps de retrouver mes esprits, de porter plainte, de trouver un avocat et de mettre en place les mesures de protection nécessaire­s.

Aujourd’hui que je suis libre, je suis heureuse de tendre la main à d’autres femmes.

Aider son prochain, c’est la meilleure des thérapies ! Au-delà des demandes d’adhésion, j’ai reçu des dizaines de messages de soutien à ma démarche. Il n’y a rien de tel pour regagner une belle estime de soi. L’un des buts de l’associatio­n est de financer les procédures judiciaire­s aux affaires familiales et au pénal, de trouver des hébergemen­ts d’urgence et aussi d’apporter certaines aides concrètes au quotidien. Récemment, une ancienne victime a eu peur de ne pas pouvoir récupérer ses enfants à cause des grèves de train. Parce qu’elle craignait que son ex-mari ne s’en serve contre elle, nous nous sommes mobilisées, nous avons ouvert une cagnotte et nous lui avons organisé un covoiturag­e pour retrouver ses petits. Ensemble, nous serons plus fortes. Et je peux aussi témoigner que la vie continue. À côté de cela, j’ai retrouvé l’amour et je vis enfin une vie normale avec un homme bienveilla­nt. Une page se tourne…

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