˝ Depuis mon retour, je songe à me reconvertir ˝
Karine, 45 ans, ingénieure en projet télécoms, célibataire, La Garenne-Colombes (92)
En 2015, je suis allée faire du tourisme au Cambodge avec une amie qui parrainait la scolarité d’une petite fille dans une école financée exclusivement par des dons privés*. Mon amie a souhaité rencontrer sa filleule, alors nous nous sommes rendues dans cet établissement. Les personnes qui y travaillaient ainsi que les petites élèves m’ont beaucoup touchée. Ces dernières venaient d’un milieu très défavorisé, mais conservaient une joie de vivre et une volonté de travailler impressionnantes. Quelques mois plus tard, j’ai appris que mon entreprise s’apprêtait à organiser du « mécénat de compétences » : il s’agit de mettre à disposition, ponctuellement et gracieusement, des salariés volontaires afin qu’ils partagent leur expérience et leurs compétences dans le but d’aider une association, une école, une fondation, en France comme à l’étranger. J’ai alors repensé à ces fillettes. Je savais que je continuerai à percevoir mon salaire comme si j’étais détachée de mon poste. J’ai donc contacté l’association « Toutes à l’école » qui gère l’établissement. Tina Kieffer, fondatrice et présidente de l’association, m’a proposé de seconder la directrice de l’internat : en effet, à côté de l’école, il y a un lieu qui accueille une centaine d’enfants qui habitent trop loin pour faire le trajet tous les jours ou qui ne sont pas en sécurité chez elles. J’ai accepté : ancienne animatrice dans un centre de loisirs, j’ai toujours été à l’aise avec les enfants comme avec les adolescents ! J’ai commencé le 1er octobre 2016. Après chaque sortie de classe, j’accompagnais les élèves jusqu’à l’internat. Je les aidais à faire leurs devoirs, je veillais à ce qu’elles prennent leur douche, nous préparions les repas ensemble et, après le coucher, je m’assurais que tout le monde dormait bien. Plusieurs fois, je me suis levée la nuit pour rassurer et cajoler des petites qui se réveillaient en pleurant. Le week-end, je m’occupais des 50 pensionnaires qui ne rentraient pas chez elles. Nous faisions les devoirs, mais aussi du jardinage, des jeux, des sorties, du sport… Même si l’expérience a été fantastique, la vie sur place était parfois difficile : il faisait une chaleur étouffante, il y avait des coupures d’eau, d’électricité, beaucoup de poussière… En octobre 2017, je suis revenue en France et j’ai repris mon travail. Tout s’est bien passé. Mais je songe à me reconvertir dans l’humanitaire ou dans l’enseignement. * École Happy Chandara, fondée par l’ancienne animatrice télé et journaliste Tina Kieffer. Infos sur toutes-a-l-ecole.org.