La stratégie gagnante
Diminuer le nombre de cancers du col de l’utérus, c’est possible, grâce à un meilleur suivi avec des examens de contrôle réguliers, mais aussi en se protégeant mieux.
Près de 3000 nouveaux cancers du col de l’utérus diagnostiqués chaque année en France et plus de 1000 décès : un bilan toujours trop lourd. Toutefois, la détection de 31000 lésions cancéreuses en amont a permis, justement, d’éviter l’évolution pour le plus grand nombre vers un cancer déclaré. Une chance pour les femmes suivies dans notre pays, qui bénéficient d’une bonne surveillance dès l’âge de 25 ans (et jusqu’à 65 ans) grâce à des prélèvements réguliers (frottis). Mais attention, le risque augmente à partir de 40 ans et reste important même après la soixantaine. On reste donc vigilante toute sa vie, en suivant les conseils du Dr Élisabeth Paganelli, secrétaire générale du Syndicat national des gynécologues et obstétriciens de France.
Le HPV : grand responsable
C’est le papillomavirus (HPV) qui serait le principal coupable. Sexuellement transmissible (quel que soit le contexte, hétéro ou homosexuel), il peut parfois rester tapi dans les muqueuses très longtemps, principalement chez les femmes, mais aussi chez les hommes (gorge, rectum). On considère que 80 % des femmes sont exposées à ce virus au cours de leur vie… Beaucoup parviennent heureusement à l’éliminer naturellement. Mais parfois, de petites lésions peuvent apparaître au niveau du col de l’utérus. Cette lente évolution, entre l’infection et le développement du cancer, laisse penser que d’autres facteurs interviennent également, telle qu’une sexualité précoce et la multiplication des partenaires, le tabagisme, une infection parallèle par les virus du sida (VIH) ou de l’herpès et, sans doute, l’hérédité. D’où l’importance d’évoquer ses antécédents familiaux, ainsi que son mode de vie et sa sexualité avec son médecin traitant ou son gynécologue, afin d’adapter au mieux la surveillance.
Le bon dépistage
Un suivi médical et des examens de contrôle réguliers sont les seuls remparts contre le développement de ce cancer. Tous les trois ans, il est ainsi impor- tant de réaliser un frottis cervico-utérin. Il s’agit de prélever des cellules sur le col afin de détecter la présence d’anomalies précancéreuses ou cancéreuses. C’est l’unique moyen de surveillance, car ces lésions n’entraînent pas de symptômes perceptibles. Seul le cancer déjà installé, souvent à un stade invasif, peut provoquer des saignements ou des douleurs au moment des rapports. Mieux vaut donc le repérer avant.
Des solutions existent
Quand les résultats d’un frottis s’avèrent défavorables, le médecin va évaluer la nécessité de réaliser une conisation. Il s’agit d’une intervention chirurgicale consistant à enlever la partie lésée du col de l’utérus. Elle se déroule à l’hôpital, le plus souvent en ambulatoire, sous anesthésie locale ou générale. La technique utilisée dépend beaucoup de l’établissement où l’opération est réalisée mais, aujourd’hui, les instruments électriques sont davantage utilisés que le bistouri. L’intervention stoppe l’évolution vers le cancer et permet une analyse complète de la lésion. Pour des stades plus avancés, il peut être nécessaire de pratiquer une hystérectomie (retirer l’utérus).