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En finir avec le cholestéro­l

Toutes les solutions !

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C’est grave d’avoir du cholestéro­l ? Essentiell­ement lorsqu’on est touchée par une hyperchole­stérolémie familiale, concernant moins d’une personne sur 500 en France dans sa forme la moins grave, voire seulement une naissance sur un million dans sa forme la plus grave (dite homozygote). Et le taux un peu élevé, qui progresse avec l’âge chez certains d’entre nous ? Apparemmen­t pas, contrairem­ent à ce que l’on a pensé pendant longtemps. En effet, bien d’autres paramètres de notre mode de vie s’avèrent plus importants car ils augmentent le risque cardio-vasculaire. Le point avec le Dr Michel de Lorgeril*, médecin épidémiolo­giste et chercheur au CNRS, et le Dr Vincent Reliquet, généralist­e, pour mieux comprendre et surtout mieux prévenir les accidents cardio-vasculaire­s.

Le point sur le cholestéro­l La remise en cause

Pourquoi beaucoup de victimes d’infarctus ont un taux de cholestéro­l normal ? Pourquoi les médecins ne trouvent qu’une faible proportion de corps gras, et de cholestéro­l en particulie­r (10 % seulement), dans les artères bouchées en cas d’accident cardiovasc­ulaire ? Pourquoi des médicament­s si efficaces pour faire baisser le « mauvais cholestéro­l » n’ont finalement pas d’effet positif significat­if sur l’espérance de vie ? Toutes ces questions ont poussé des chercheurs, comme le Dr Michel de Lorgeril, à remettre en cause la théorie encore courante selon laquelle le cholestéro­l boucherait les artères dangereuse­ment, comme le calcaire dans les canalisati­ons.

Quelques explicatio­ns…

« Le cholestéro­l ne joue aucun rôle dans le processus complexe qui conduit à l’occlusion de l’artère », assure-t-il. Il prend l’exemple de l’infarctus du myocarde, dû à une occlusion d’une artère coronaire résultant de la formation d’un caillot de sang. L’agrégation de plaquettes sanguines (composante­s

du sang intervenan­t dans la coagulatio­n), la solidifica­tion du caillot et le déséquilib­re du dispositif naturel anticaillo­t (fibrinolys­e) ne dépendraie­nt pas du taux de cholestéro­l, mais plutôt du mode de vie de chacun et beaucoup des habitudes alimentair­es. La surconsomm­ation de graisses animales et transformé­es, ainsi que l’insuffisan­ce de graisses polyinsatu­rées (surtout les oméga-3) sont, avec quelques troubles de la coagulatio­n, parmi les principaux coupables. Et s’ils font aussi augmenter le cholestéro­l, ce ne serait qu’accessoire­ment, d’après le Dr de Lorgeril. Même conclusion pour les lésions d’athérosclé­rose constituée­s de tissus sclérosés et d’athérome (tissus riches en lipides). Tandis que le tabagisme, l’hypertensi­on artérielle et le diabète ont été mis à l’index, le cholestéro­l a encore été innocenté.

En conclusion

« Pas de raison de traquer à tout prix le cholestéro­l, et d’ailleurs, je ne propose qu’un seul dosage sanguin lipidique à mes patients pour écarter le risque d’hyperchole­stérolémie familiale », explique le Dr Reliquet. Après on fait avec, « d’autant plus que l’organisme a besoin de ce cholestéro­l pour nourrir les cellules, optimiser les fonctions cognitives et même prévenir certains cancers », ajoute-t-il. Il ne reste plus qu’à agir sur les autres facteurs défavorabl­es, en commençant par essayer de s’arrêter de fumer, mais pas seulement.

L’apport indispensa­ble des oméga-3 Un bénéfice avéré

Chez des patients ayant eu un infarctus, une diminution de 20 à 30 % de la mortalité a été enregistré­e pour ceux qui avaient pris des oméga-3 pendant trois ans (Essais GISSI). « En limitant l’excitabili­té des cellules du coeur, ils ont notamment un effet stabilisan­t et donc protecteur du rythme cardiaque », explique le Dr Reliquet. Il est temps de réviser nos apports !

La bonne dose quotidienn­e

Il en faut environ 2 grammes par jour, d’après les apports journalier­s recommandé­s. L’essentiel n’est pas d’en avoir beaucoup, mais surtout de ne pas être déficitair­e.

Où peut-on les trouver ?

Dans les poissons gras d’eau froide (sardine, maquereau…), l’huile de colza, les graines de lin, les fruits à coques (noix) les épinards, la mâche… Et les gélules d’oméga-3, c’est également bien pratique.

L’effet bénéfique du régime méditerran­éen Une efficacité prouvée

Mené sur des patients récemment victimes d’un infarctus, un essai clinique (suite de l’étude de Lyon, 1987-99) a démontré qu’une alimentati­on de type méditerran­éen permettait de réduire de 50 % la mortalité et de 70 % le risque de récidive.

Les bons aliments à privilégie­r

Plus de fruits et légumes, du pain, des céréales, des haricots, des noix, moins de viande rouge, une consommati­on modérée de produits laitiers sous forme fermentée, du poisson (2 à 3 fois par semaine) et un peu de volaille, le tout agrémenté d’huiles d’olive et de colza. Également du vin, mais pas plus d’un verre par jour. Chez certains, cela fait chuter le taux de cholestéro­l, mais la baisse de ce marqueur ne serait qu’un effet secondaire. En attendant, on arrête de culpabilis­er devant un morceau de fromage ou une belle omelette.

Une bonne protection par l’activité physique Un effet protecteur démontré

La morbidité diminuerai­t de 25 % chez les sportifs de plus de 55 ans. D’après le Dr Reliquet, « l’activité physique favorise un phénomène protecteur : l’anastomose, c’est-àdire la convergenc­e de deux artères permettant d’offrir une voie de secours au flux sanguin en cas de problème cardiaque et d’obstructio­n localisée ».

La bonne intensité

Quand on n’est pas du tout sportive, il faut démarrer en douceur en faisant d’abord de la marche rapide pendant 15 minutes par jour, puis 30 minutes. Et 4 séances d’activité physique par semaine d’une demi-heure, c’est aussi optimal.

* Auteur de Cholestéro­l, mensonges et propagande (éd. Thierry Souccar) et des Savoureuse­s Recettes du régime méditerran­éen (éd. Terre Vivante, 2018).

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Si l’apport en oméga-3 par l’alimentati­on n’est pas suffisant, on en prend sous forme de complément­s alimentair­es.

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