Maxi

CÔTÉ PSYCHO Apprendre à rire de soi

L’humour permet de se sortir de nombreuses situations délicates. Prendre du recul sur nos petits défauts, c’est inviter les autres à changer de regard sur nous.

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C’est bien connu, le rire est un sacré libérateur. Mais si on aime souvent se moquer gentiment des autres, il n’est pas toujours aussi facile de rire à propos de soi. Pour apprendre à le faire, il faut parvenir à travailler sur sa susceptibi­lité, accepter de mettre en lumière ses fragilités, les assumer. Le recours à l’humour permet souvent d’atténuer des situations gênantes où l’on n’a pas toujours la repartie qu’il faudrait.

Pour vaincre ses émotions et sa susceptibi­lité Savoir rire de soi, c’est d’abord savoir mettre de côté sa susceptibi­lité et son ego.

Vous êtes maladroite, tête en l’air, soupe au lait ou rancunière ? Assumez-le pour mieux dédramatis­er ces situations quand elles se présentent. D’une part, vos fragilités vous rendent faillible et, donc, attachante aux yeux des autres. D’autre part, elles ne vous définissen­t pas seulement : vous avez plein de qualités qui les compensent. Prenez aussi conscience que, bien souvent, les autres ne se moquent pas vraiment de vous : ils rient avant tout parce que la situation est drôle. Vous en auriez sûrement fait autant à leur place ! Ditesvous également que les compliment­s du genre : « Tu es superbien habillée aujourd’hui ! » ne veulent pas pour autant dire que vous êtes mal fagotée les autres jours. Bien souvent, tout est une question d’interpréta­tion.

Pour prendre du recul Trébucher dans un restaurant, laisser tomber son assiette, faire une gaffe en se trompant de mot…

Le premier réflexe dans ces situations embarrassa­ntes est de vouloir se cacher sous la table. Mais pourquoi ne pas plutôt rire de bon coeur comme on l’aurait fait s’il s’agissait de quelqu’un d’autre ? Rire de soi est le meilleur moyen d’évacuer la gêne, voire la honte, de passer facilement à autre chose sans ressasser toute la journée ce moment d’humiliatio­n. « L’autodérisi­on est la capacité à prendre de la distance avec ses actions. Elle implique de reconnaîtr­e et d’accepter ses faiblesses pour les mettre en scène sous un jour positif », note le psychothér­apeute Hervé Magnin.

Pour mieux plaire aux autres Que retenez-vous de cette amie à la poitrine discrète qui, au cours d’une séance de shopping, ose vous dire en riant :

« Moi, les décolletés, je ne peux les porter que dans le dos » ? Certaineme­nt davantage son sens de la repartie que son soi-disant défaut physique. Alors, faites comme elle : amusez-vous de vos complexes ! En riant de soi, on se valorise et on a davantage de chances de plaire aux autres. « L’autodérisi­on est une qualité très bien perçue socialemen­t. Elle permet d’attirer l’attention de l’autre sur notre personnali­té. L’humour devient alors un de nos sérieux atouts », confirme le psychothér­apeute.

Pour développer des relations authentiqu­es Si l’autodérisi­on surprend et plaît aux autres, elle a aussi le mérite de favoriser des relations authentiqu­es.

En effet, rire de soi c’est se dévoiler davantage. Cela suscite en retour tendresse, empathie et confidence­s. Une amie peut ainsi vous livrer ses peurs ou ses complexes. De quoi vous permettre ensuite à toutes les deux d’échanger plus sérieuseme­nt et d’approfondi­r votre relation. Sans la pratique de l’autodérisi­on, vous n’auriez peut-être pas eu cette occasion constructi­ve !

Pour asseoir sa confiance et son estime de soi C’est un cercle vertueux : plus on parvient à rire de soi et de ses petites manies, plus les autres, séduits par cet humour, nous recherchen­t.

Ces succès quotidiens permettent de cultiver la confiance en soi. Mais pour être capable de prendre cette distance, il faut déjà posséder une bonne estime de soi. « On est capable de rire de ses défauts seulement quand on a conscience d’avoir plein de qualités par ailleurs », souligne Hervé Magnin. L’avantage, c’est que cela se travaille. Plus on ose se taquiner soi-même dans l’intimité (« Si ma tête n’était pas attachée sur mes épaules, c’est sûr, je la perdrais ! »), plus on peut affirmer toutes ses faiblesses devant les autres sans avoir à en rougir.

Pour oser dire sa sensibilit­é L’autodérisi­on peut être un bouclier servant à encaisser des situations que l’on vit mal. Toutefois, elle n’exclut pas de pouvoir avouer sa sensibilit­é. « Certaines personnes, pensant que l’on accepte toutes les remarques, ont tendance à en rajouter. C’est là où il ne faut pas hésiter à stopper le jeu car, même si c’est “pour rire”, cela peut blesser profondéme­nt », tient à souligner le psychothér­apeute. Savoir rire de soi permet ainsi de prendre la distance objective nécessaire pour faire le tri entre ce qui relève de l’humour et ce qui relève des remarques malveillan­tes qui peuvent blesser.

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