Comment ça se passe
Les migraineux habituels voient souvent venir la migraine par des signes caractéristiques appelés « prodromes », explique le Pr Anne Ducros : « Dans les heures qui précèdent la douleur, la personne peut ressentir une intense fatigue, un trouble de l’humeur, une somnolence ou un besoin de manger quelque chose de gras et sucré, les premières nausées… » Si l’on ne fait rien, la crise déclarée durera quatre heures au minimum, mais le plus souvent d’un à trois jours. L’épisode peut être suivi d’une phase qui s’accompagne parfois d’un fort besoin d’uriner, d’euphorie ou, au contraire, d’abattement. Mais que se passe-t-il dans la tête pour en arriver là ? Les facteurs déclenchant la crise viennent stimuler un cerveau déjà excitable et entraînent un dysfonctionnement. Un véritable tsunami se produit alors, une vague balayant la tête de l’arrière vers l’avant, avec une hyperexcitation des cellules, avant une brutale désactivation. Des signes neurologiques transitoires sont parfois perceptibles (troubles visuels, sensitifs, du langage…). Cette étape est suivie du largage de ce que les médecins appellent une « soupe inflammatoire », qui va entourer les artères et atteindre le centre cérébral, ré- gulateur des nausées. La sensation douloureuse est alors provoquée par des réactions nerveuses en cascade. L’idéal est de court-circuiter la crise, d’agir avant cette fameuse « soupe ». Des centres de traitement de la migraine apprennent aux malades à repérer l’annonce de la crise afin de mieux la circonscrire.