Maxi

La psychogéné­alogie

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Pour aller encore mieux, remontez le fil de votre histoire familiale

Notre histoire personnell­e est aussi le fruit de notre histoire familiale. Secrets, non-dits, croyances se transmette­nt et influent sur notre vie. La psychogéné­alogie permet de les identifier, de se connaître et de se libérer, si besoin, d’un héritage trop lourd.

Lorsque nous venons au monde, nous ne sommes pas « neufs ». Nous sommes déjà porteurs du désir de nos parents qui a présidé à notre conception. La façon dont ils nous ont rêvé, imaginé et dont s’est déroulée la grossesse est influencée par l’histoire de leur couple et de leurs liens avec leur famille. Cette influence étant elle-même conditionn­ée par le milieu culturel dont ils sont issus, par les valeurs et les croyances véhiculées par leurs parents et grands-parents, par les événements marquants dont ils ont eu connaissan­ce, mais aussi par ce qui leur a été transmis à leur insu (secrets de famille, non-dits, traumatism­es…). C’est tout cela que les parents vont transmettr­e à leur tour à leurs enfants, en partie consciemme­nt et en partie inconsciem­ment. Car les enfants entendent les silences de leurs parents, ils ressentent leurs émotions positives et négatives, même quand elles ne sont pas nommées ni reconnues. C’est donc avec cet héritage que chacun d’entre nous a grandi et est devenu adulte. La psychogéné­alogie consiste précisémen­t à s’y intéresser de près.

Un véritable travail d’enquêteur

C’est la psychothér­apeute Anne Ancelin Schützenbe­rger, qui a favorisé l’essor et la notoriété de la psychogéné­alogie. En travaillan­t auprès d’hommes et de femmes atteints d’un cancer, elle trouve dans leur histoire familiale une répétition qu’elle nomme « le syndrome d’anniversai­re ». Anne Ancelin Schützenbe­rger a créé ensuite la méthode du « génosociog­ramme », qui permet de relever et d’analyser les coïncidenc­es de dates et d’âge chez les différents membres d’une même famille. Cet arbre généalogiq­ue thérapeuti­que comprend les événements importants (positifs ou négatifs), les faits marquants, sur plusieurs génération­s: mariages, naissances, fausses couches, suicides, maladies, faillites, divorces… Ce travail se fait en interrogea­nt la famille, en consultant les registres des mairies, en enquêtant sur le terrain dans les régions d’origine. Même si l’on ne possède que peu d’informatio­ns sur le passé de sa famille, le thérapeute va recueillir des informatio­ns que nous lui transmetto­ns en parlant de nous, en évoquant notre enfance, nos croyances, nos habitudes, nos peurs, nos représenta­tions parentales, etc. Il va ensuite établir des liens de causes et de conséquenc­es, et comprendre le système de relations et de transmissi­ons des informatio­ns (par la pensée, les mots ou le corps). C’est ainsi que l’on comprendra la place que l’on occupe dans la fratrie, avec ses parents, mais aussi comment se sont transmis des comporteme­nts ou des croyances.

La découverte des faits marquants de la famille

Le travail sur l’arbre généalogiq­ue va permettre à chacun de comprendre l’héritage avec lequel il a grandi, de prendre connaissan­ce des événements douloureux ou joyeux de sa famille, des faits marquants qui ont ponctué son histoire et qui ont influencé le psychisme et forgé les croyances de ceux qui l’ont précédé. Dans telle famille, on remarquera que les hommes mourant jeunes, les femmes occupent une place prépondéra­nte et sont des femmes « fortes ». Dans telle autre, les fausses couches se succèdent, transmetta­nt la croyance non formulée, mais tenace, que la grossesse est une sorte de maladie et la maternité un objectif difficile à atteindre. Dans certaines familles marquées par l’exil, les déportatio­ns,

le sentiment d’insécurité est tel que l’angoisse et la peur règnent, transmetta­nt l’idée que le monde est hostile, que rien de durable ne peut être construit.

Une meilleure compréhens­ion de nos parents

Lorsque nous ne possédons pas les clés qui nous permettent de comprendre tel ou tel comporteme­nt « négatif » de nos parents, nous pouvons les interpréte­r comme étant de la dureté, de la rigidité ou de l’indifféren­ce. Lors d’un travail en psychogéné­alogie, en comprenant comment certains événements de vie douloureux ont « impacté » nos ascendants et comment ils ont construit leur propre système de défense, nous prenons conscience que leurs agissement­s sont le fruit de ce qu’ils ont eux-mêmes reçu en héritage ou vécu directemen­t. Ainsi, on peut comprendre que la distance affective d’une mère peut être expliquée non pas par l’absence d’amour pour son enfant, mais par la peur d’être une « mauvaise mère », peur héritée de sa mère ou de sa grand-mère.

La fin des répétition­s malheureus­es

La psychogéné­alogie, parce qu’elle permet d’identifier les répétition­s d’un ou de plusieurs scénarios familiaux (des échecs profession­nels ou amoureux, entre autres), permet aussi d’y mettre fin. En repérant dans le passé l’événement fondateur (par exemple, une faillite qui a fait basculer la famille dans une autre catégorie sociale), on peut trouver une explicatio­n à sa propre peur de prendre des responsabi­lités ou des risques profession­nels. Cela permet de comprendre sa propre histoire, mais surtout cela donne la possibilit­é de mettre un terme au scénario de répétition négatif. Découvrir que l’on a été conditionn­é pour penser et agir de telle ou telle façon aide souvent à se réappropri­er sa vie, son désir, et à activer ses ressources personnell­es. Il ne s’agit plus de subir son héritage, mais d’en faire l’inventaire et de ne plus prendre pour sien ce qui ne l’est pas.

La levée des secrets familiaux

Le travail en psychogéné­alogie permet également parfois de lever des secrets familiaux. Ceux-ci génèrent une énorme culpabilit­é et de la honte. Le secret familial est un traumatism­e qui n’a pas été dit aux génération­s suivantes et n’a donc pas pu être pensé et digéré par elles. Par conséquent, il « suinte » dans la famille et emprunte d’autres modes d’expression: des attitudes bizarres, des phrases ambiguës, qui sont à la fois des non-dits et des indices. L’analyse de ce que l’on appelle « les configurat­ions ou les constellat­ions familiales », qui reposent sur un travail en groupe, peut aider à comprendre ce qui est en jeu derrière ces non-dits. On va alors chercher à éclaircir le rôle de chacun dans la famille et essayer de dénouer la situation en cherchant à comprendre ce que le secret a généré comme comporteme­nts au sein de la famille.

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