Maxi

« Je m’épanouis au milieu des fleurs »

Après un licencieme­nt à 50 ans passés, Véronique a décidé de prendre sa vie profession­nelle en main en créant son propre emploi, fidèle à ses valeurs.

- Véronique * Rens. sur veroniqueb­radol.com.

C’est une belle coïncidenc­e qui me plaît. Je porte le prénom d’une fleur peu connue. La véronique se rencontre surtout dans les prés humides comme dans les champs ensoleillé­s et les rocailles sauvages. C’est une fleur qui symbolise la fidélité et à laquelle je veux bien m’identifier. En effet, j’ai la chance aujourd’hui d’exercer un beau métier qui me ressemble…

Aussi loin que je me souvienne, je les ai aimées un peu, beaucoup, passionném­ent.

Il y a toujours eu des fleurs dans ma vie. J’ai en effet grandi à la campagne, dans le Loiret-Cher. Petite, déjà, j’allais souvent cueillir des fleurs par monts et par vaux. Je ramassais des marguerite­s, des petites fleurs champêtres, des fleurs de pissenlit… Quand j’ai déménagé à Paris, j’avais régulièrem­ent besoin de passer du temps et de me ressourcer à la campagne, dans les bois. Pour autant, je n’ai jamais songé à en faire mon métier. Une carrière de commercial­e s’est ouverte à moi pendant mes études. J’ai d’abord vendu des produits de décoration intérieure pour la maison. Puis je suis partie travailler en Grande-Bretagne pour une grande marque de produits cosmétique­s. Pour être honnête, je n’ai pas été malheureus­e dans cette voie, car j’aime le contact avec les gens. Cependant, cela n’a pas toujours été facile. J’ai connu une première période de chômage où les fleurs se sont rappelées une première fois à mon souvenir. Plutôt que de ne rien faire, j’ai suivi une formation chez une fleuriste au bas de chez moi. Cela m’a beaucoup apporté : en même temps que je cherchais du travail, j’ai découvert l’art floral, ses techniques et l’harmonie des couleurs. Si un emploi de fleuriste s’était présenté à ce moment-là, je l’aurais peut-être pris. Mais la vie en a décidé autrement et j’ai finalement retrouvé un poste dans mon ancienne voie. Jusqu’au moment où j’ai été licenciée peu après mes 50 ans. Passé ce cap, plein de questions se posent : où chercher, qui voudra m’embaucher à mon âge, et si j’avais trop d’expérience ? J’ai cherché du travail pendant deux ans, en vain. Et cette fois, plutôt que d’attendre, je me suis dit que j’allais me créer mon propre emploi. Une nouvelle Véronique allait éclore !

Étant fille de commerçant­s, j’avais toujours eu envie d’avoir ma petite boutique.

Ouvrir un magasin de fleurs m’a alors paru comme une évidence. Elles m’avaient toujours accompagné­e, à tous les moments de ma vie. Et, en plus, j’avais suivi jadis une formation dans le secteur. Pour y parvenir, je me suis tournée vers la remarquabl­e associatio­n « Force femmes » qui aide les femmes de plus de 45 ans à retrouver un emploi ou à créer leur entreprise. C’était pour moi le moment ou jamais. J’en ai parlé à ma famille, qui m’a soutenue, et j’ai aussi été formidable­ment épaulée par des experts bénévoles en marketing, communicat­ion ou gestion. Avec eux, j’ai affiné mon projet et j’ai ouvert ma boutique il y a deux ans, à Massy, dans l’Essonne.

C’est éreintant mais passionnan­t. Les journées sont longues mais belles.

Le jeudi, par exemple, je suis à Rungis à 4 heures du matin, assez tôt pour choisir les plus belles plantes. Le retour se fait entre 6h30 et 7 heures. Je décharge, puis je prépare les fleurs en les nettoyant chacune tige par tige, en épépinant les roses une par une et en effilant également les tiges. C’est un travail d’orfèvre, artisanal, et j’y tiens. Je présente ensuite mes plantes et je confection­ne des bouquets. Il faut aussi ranger, nettoyer et, en plus de tout cela, s’occuper des commandes des clients et soigner ma communicat­ion… J’ai essayé, en effet, d’ouvrir un magasin pas tout à fait comme les autres. Je ne voulais pas faire n’importe quoi avec la nature. Si j’aime les fleurs, j’aime moins ce qu’on leur fait subir :

les produits chimiques et, surtout, les importatio­ns, généraleme­nt de Hollande, qui aggravent notre bilan carbone et polluent notre environnem­ent. Actuelleme­nt, 85 % des fleurs vendues en France viennent de l’étranger ! En même temps, je déplore que des producteur­s locaux aient de moins en moins de clientèle malgré la qualité de leurs fleurs. À mon niveau, j’ai donc voulu proposer quelque chose de différent à travers une offre locale qui respecte les saisons.

L’Île-de-France était autrefois très riche et l’on pouvait trouver des roses de Paris, par exemple.

Aujourd’hui, il ne reste plus que trois producteur­s ! Mon objectif est donc de privilégie­r le local, d’offrir des débouchés aux producteur­s en détresse, de maintenir l’emploi et de fournir une offre respectueu­se de la nature. La pivoine est ma fleur préférée, par exemple. Cependant, il faut le savoir, sa saison ne dure qu’un mois. C’est mon combat : quand on aime quelque chose, on en profite quand c’est le moment et, ensuite, on attend l’année suivante ! il faut suivre le rythme de la nature. Chaque semaine, je propose ainsi des fleurs de saison, des roses des rosiériste­s de la région parisienne et des fleurs bio locales, uniquement produites en circuit court. Bien sûr, c’est un peu plus cher mais, comme la viande et les fruits et légumes, la qualité a un prix. Je préfère que l’on en achète moins, mais au juste prix. C’est magique : ma boutique sent bon et les fleurs sont fraîches, car elles ont parfois été cueillies la veille par des producteur­s locaux. Je crois pouvoir dire que j’ai créé le métier de mes rêves !

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