Ce temps libéré est appréciable !

En quoi le départ des enfants est-il une étape délicate ?

Pour les femmes, on peut dire que c’est un tournant, quasiment une crise de milieu de vie, qui peut se conjuguer avec la ménopause. Il faut réussir à se projeter dans un avenir différent. L’organisation bien rodée jusquelà doit être réinventée. C’est une page qui se tourne, avec un deuil à faire. Encore plus compliqué pour les mères au foyer qui ont consacré leur vie à ce but. Un sentiment de vide et d’inutilité surgit, les repères changent : on peut parler d’un baby-blues à retardement. Le cap est plus facile à traverser quand on travaille encore, quand on est dans un couple harmonieux.

Comment y faire face au mieux ?

C’est une liberté progressive qu’il faut apprivoiser. Déjà, le couple est obligé de se redécouvrir. Les enfants peuvent être de formidables écrans : quand ils partent, le couple se voit contraint d’affronter ses propres problèmes. Mais cela peut être très positif : sans enfants, on se regarde de nouveau, on se parle et on s’aime mieux ! Ensuite, il faut réapprendre à vivre pour soi. Ce temps libéré est appréciable : il permet de se focaliser sur ses besoins, ses envies. On retrouve de l’entrain pour faire aboutir des projets que l’on croyait enfouis. C’est une opportunité à saisir !

Quels sont les écueils à éviter ?

Appeler sans cesse ses enfants, les supplier de venir, contrôler leur vie à distance. Mais aussi leur faire des reproches (« Tu ne me donnes pas de nouvelles, regarde tout ce que j’ai fait pour toi ! »). Il faut tordre le cou à la nostalgie : nos enfants ne sont pas petits éternellement, on le sait. Laissons-leur le temps de trouver leur voie en tant qu’adultes. La vie nous offre aussi des occasions de rapprochement. Souvent, quand ils deviennent parents, nos enfants ont à nouveau besoin de nous !

* Auteure de l’ouvrage : Le Jour où les enfants s’en vont (éd. Albin Michel).